Làszló Gálffy,
Le Danube des Angevins. Un fleuve royal
La présente contribution traite d’un espace géographique important de la Hongrie médiévale à savoir la région danubienne. Il s'agira d'examiner les changements les plus importants qui s’y déroulèrent à partir de la fin du XIIIe siècle. L’installation de la dynastie des Angevins en Hongrie, après une lutte âpre contre des oligarques hongrois, ne représente pas une rupture. En effet, Charles Robert Ier œuvra à faire rayonner cette région, surtout entre Buda et la frontière occidentale du pays. L’emprise économique de la vallée du Danube, l’installation de nouvelles colonies d'hôtes, ainsi que l’augmentation du rôle de certains villes comme Pozsony (Bratislava) montrent bien l'existence d'un lien étroit entre la population et le fleuve. Des domaines royaux sont regroupés, des résidences nouvelles (sourtout Visegrád) sont construites et rien qu’à travers leur approvisionnement, on mesure cet important phénomène de croissance.
Texte intégral
1La Hongrie médiévale, traversée par des fleuves importants (Danube, Tisza, Drava etc.) fut très dépendante dans les plaines des variations de débit de son réseau hydrographique avec de vastes territoires régulièrement inondés. Ce paysage aquatique, bien différent de celui d’aujourd’hui, hérité des transformations hydrologiques du XIXe siècle, eut des avantages économiques indéniables, surtout en ce qui concerne l’élevage. En même temps, il représenta des inconvénients considérables, ce qui provoqua une certaine prudence de la part du pouvoir dans l’organisation de l’espace. Il apparaît qu’à partir du XIIIe siècle, donc avant l’arrivée de la dynastie des Angevins, un changement important se déroula dans la perception politique de ces territoires riverains, sourtout dans le cas du Danube. Notre enquête envisage de dresser un tableau du rôle politique et sociale du paysage danubien à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle jusqu’à la fin de la période angevine à la fin du XIVe siècle. À cette époque, nous avons des signes incontestables qui témoignent un vif intérêt du roi et de son entourage pour profiter des conditions favorables dues à la proximité du fleuve. Ce sont là des considérations et des changements avant tout politiques, sociaux et économiques. Il est d’autant plus important de voir quelques détails car la période suivante dominée par des Luxembourgs ou des Habsbourgs a été marquée par une croissance dynamique. Pourtant, on voit que le Danube prit une importance primordiale déjà bien avant l’installation des dynasties germaniques en Hongrie.
2En premier lieu, nous devons signaler que le Danube eut une place importante dans l’organisation de l’espace de la Hongrie médiévale. La majorité des diocèses et des comitats, organisés à partir du premier millénaire, donc au début du règne de Saint Étienne, eurent des limites fluviales. Le Danube représentait une véritable frontière à l’intérieur du pays et difficilement franchissable. C’est ainsi que se dessina une limite claire de l’aire de compétence des nouvelles administrations ecclésiastiques ou laïques. Gyula Kristó expliqua ce phénomène par le mode de vie nomade, donc par l’élevage pastoral des Magyars, au tournant du premier millénaire toujours attestable1. Notons pourtant que certains comitats des régions danubiennes traversèrent le fleuve, surtout en amont, section à laquelle nous portons cette fois plus d’intérêt. Dans ce contexte, entre Buda et Pozsony (Bratislava) donc dans la section en amont, on peut plutôt parler du fleuve comme d’une zone et non d’une ligne. Par conséquent, le Danube représente une référence plutôt qu’une frontière. Ces distinctions importantes sont attestables en Europe du Haut Moyen Âge dans un contexte d’organisation de l’espace ou du peuplement, comme le montre, par exemple, les recherches de Marc Suttor concernant la Meuse2.
3Si ensuite, à partir du XIIIe siècle, le fleuve connut une certaine réévaluation, ce ne fut pas percevable partout dans la même mesure. La section qui se trouve au sud de Buda, plus précisément en partant de l’île Csepel, c’est-à-dire une part importante du centre et du sud de la Hongrie parait être moins touchée par ce phénomène. La cause en est très probablement l’importance des surfaces inondables. La section en amont, par contre, surtout de Buda jusqu’à Pozsony (Presbourg, Bratislava), connut des changements considérables.
Quelques exemples des contacts entre villes et fleuve
4Ici, évidemment, il n’est pas question de faire un développement sur l’histoire urbaine mais il nous semble important de signaler quelques traits fondamentaux des conditions qui pouvaient influencer les rapports entre le roi, les villes danubiennes et le fleuve. Pour comprendre ces changements, notons d’abord qu’en Hongrie il n’exista jamais d’alliances ou de fédérations politiques, économiques, militaires de villes riverains comme ce fut le cas aux bords du Rhin par exemple à partir du milieu du XIIIe siècle. Ensuite, du fait d’une féodalité inexistante ou au moins très imparfaite, le pays connut une église moins forte qu’en France, une aristoctatie avec des blocs de domaines plus larges et un pouvoir royal omniprésent. Donc si l’emprise ecclésiastique fut moins forte, en général, sur notre zone, on peut quand même parler d’une présence ecclésiastique forte. Győr et Vàc furent dominées par leur évêque. Après l’invasion des Mongols, à Esztergom, les points stratégiques les plus importants furent cédés à l’archevêque d’Esztergom par le roi Béla IV. Ajoutons qu’initialement les villes furent soumises à leurs seigneurs, et elles en gardèrent des traces lors de notre période. Dans ce contexte de base, les changements les plus spectaculaires sont attestables aux deux extrémités de la section fluviale, donc à Buda et à Pozsony.
5Rien que la naissance de Buda, au milieu du XIIIe siècle, marqua un tournant et un renforcement stratégique de la ligne du Danube et de ses passages comme nous allons le voir un peu plus bas. Pozsony eut une importance pour d’autres raisons. La ville se trouva aux confins occidentaux du pays, dans une position politiquement et géographiquement vulnérable, ou au moins très sensible. Le changement de la politique royale, qui mettait en avant ses relations avec l’Empire ou tout simplement avec l’Occident, eut immédiatement un effet positif pour la ville. Si l’historiographie hongroise répéta souvent, avec raison, les effets positifs des mesures de Sigismond, on ne doit pas oublier que les premiers signes de son importance croissante datent de bien avant. Les mesures d’André III à la fin du XIIIe siècle, ensuite les interventions du roi Angevin au cours de la première moitié du XIVe siècle, sont toutes aussi importantes. Déjà, à partir du milieu du XIIe siecle, on aperçoit le rôle des marchés hebomadaires et annuels ainsi que celui du commerce de poisson3.
6Pozsony différait de la majorité des villes du royaume dans le sens où les rapports du pouvoir avec les villes furent très compliqués. Si le pouvoir royal fut présent pendant tout le Moyen Âge, ses droits furent en partie concédés à des institutions ecclésiastiques. En nous concentrant cette fois sur l’espace fluvial, les revenus des passages furent partagés entre Pannonhalma, l’abbaye cistercienne de Pilis, le comte (représentant du roi) et le chapitre collégial de Pozsony4. À partir de la fin du XIIIe siècle, on voit également les bourgeois et d’autres habitants de la ville avoir des biens et des revenus, certes fragmentés, dans cette espace riche mais inondable. Souvent, ces droits ou revenus furent assignés à des emprunts5. En 1350, ce fut l’abbé de Pannonhalma qui loua « son tiers » sur les passages et péages de Pozsony et de ses environs au juge (maire) de Pozsony6. Or, ce marché de l’immobilier bien fragmenté et cette présence des investissements des élites laïques urbaines sont encore rares pendant notre période dans d’autres villes danubiennes en Hongrie.
7Une autre particularité de Pozsony fut la complexité des bras du Danube contournant la ville. Cette situation fut très semblable à ce qu’on trouva à Vienne. Pozsony fut ensuite la première ville en Hongrie où l’on tenta de construire un pont sur le Danube. Les nécessités militaires amenèrent l’assiégeant, le roi Ottokar II de Bohême, à construire un pont de bateau en 12717. Pourtant, on n’en entend plus parler ensuite pendant plus d’un siècle. La nécessité d’un pont ne se révèle pas avant le début du XVe siècle8, et ensuite le premier pont dont la construction nous est connue plus en détails ne date que de la fin des années 1430, date de la construction du premier pont à Vienne9. Si pendant l’époque des Angevins, nous avons moins d’information des interventions du roi, les mesures de l’époque de Sigismond à partir de la fin du XIVe siècle, témoignent que le pouvoir royal s’intéressait non seulement aux fonctionnements des services fluviaux mais garda toutes ses compétences juridiques pour y intervenir10.
Vers une emprise foncière de la couronne
8Dans un premier temps, nous devons préciser que le pouvoir royal eut ses propres intérêts à faire valoir lors de ces changements. À la suite de l’attaque des Mongols en 1241-1242, le roi Béla IV dut regrouper les centres de l’administration sur des sites fortifiés. En même temps, certaines villes et zones transdanubiennes du royaume, bien marquées par une protection naturelle du fleuve, connurent un développement remarquable. Buda, future capitale du pays, vit le jour à la suite de l’attaque des Mongols grâce à un regroupement de la population de Pest, installée originairement sur la rive droite du Danube. La présence royale est attestée régulièrement dans cette zone particulière de « Medium Regni ». La fondation du couvent des religieuses de l’île des Lapins (futur île Marguerite) au milieu du XIIIe siècle bénéficia d’une protection royale importante. Les résidences royales de Buda et un peu plus au Nord à Óbuda, puis les extensions des domaines de la reine dans le coude du Danube, à Visegràd11, tous, portent les signes d’un intérêt croissant du pouvoir royal dans cette zone de proximité fluviale. Notons également que la présence royale devint de plus en plus exclusive sur l’île Csepel ou se trouvait une ancienne forêt de chasse des rois. Cela signifia une expansion des domaines du roi et de la reine dans cette zone12.
9Il est important de savoir que la structure foncière de l’espace danubien fut originalement marqué par une diversité surprenante, c’est-à-dire qu’aucun des pouvoirs locaux n’a eu un contrôle exclusif des rives larges au long du fleuve. À partir du début du XIe siècle, parmi les plus importants, on appercoit les principales abbayes et établissements ecclésiastiques au bord du fleuve, mais l’archevêque d’Esztergom même, n’eut pas une présence majeure. Sur la section entre Győr et Buda, l’abbaye de Garamszentbenedek13 (Hronsky Benadik), de Pannonhalma14, et de Bakonybél15, l’archevêque d’Esztergom, les évêques de Győr et de Vàc, ainsi que les religieuses de Veszprémvölgy, enfin la collégiale d’Óbuda et le couvent des religieuses dominicaines de l’île Marguerite furent les principaux propriétaires ecclésiastiques. Ce dernier eut incontestablement une influence considérable. Créé par le roi Béla IV peu après l’invasion des Mongols, le couvent des religieuses accueillit les filles de l’élite hongroise. Il reçut Marguerite (fille du roi Béla IV), eut de nombreux privilèges royaux et pontificaux ainsi que des biens sur le Danube en amont et en aval. Son emplacement sur une île du Danube n’est pas surprenant. Pourtant, il est intéressant car les religieuses furent propriétaires de la majorité des droits économiques de Buda. Si ce fait entraina de nombreux conflits entre la ville et le couvent au cours des XIIIe et XIVe siècles, cela n’empêche pas de conclure qu’à Buda, le seigneur et pouvoir le plus important se trouva hors de la ville dans une zone aquatique à la fois inondable et protégé par le Danube16.
10En amont, c’était la collégiale de Pozsony qui fut l’une des mieux possessionnées parmi les ecclésiastiques. Rappelons pourtant qu’à Pozsony, l’abbaye de Pannonhalma détenait un tiers des péages sur le Danube.
11Si nous prenons les biens laïcs, nous n’avons pas de grands domaines (mis à part le pouvoir royal) le long du fleuve. Pourtant, nous avons quelques signes qui atteste l’existence d’une politique familiale bien réfléchie, où le fleuve ou plus précisément les biens et les droits dans l’espace fluvial, eurent un rôle primordial. Imre Becsei s’est emparé des terrains dans les faubourgs de Buda principalement à Felhévíz, à partir de 1312. Pendant moins de deux décennies, il acheta ou prit en gage de nombreux jardins, des vignes, et des maisons de bourgeois ou de nobles en majorité résidant dans le suburbium, dans le voisinage du Danube17. C’est également lui qui prit en gage en 1324 l’abattoir de Felhévíz18. Les possessions riveraines de la famille ne s’arrêtent pas là. La base fondamentale de la famille se trouva à l’île de Csepel, et on s’apercoit que les propriétés le long du Danube se multiplient à partir des années 1320. Notons également la présence des Becsei dans le coude du Danube à Visegràd à partir de 1322 et la saisie de nombreuses maisons dans les années et décennies qui suivent19. Il est d’autant plus intéressant que l’apparition des Becsei ne précède que d’une année le transfert de la résidence royale à Visegràd (1323). Évidemment, ici nous sommes témoins d’une intention d’être dans la proximité du roi plutôt que de celle du fleuve. Mais cela n’empêche pas que les domaines des Becsei ont bénéficié d’un axe danubien très utile. Il faut ajouter que de nombreux biens se trouvèrent plus loin de l’espace fluvial, nous sommes conscients que ce n’est qu’un des schémas d’interprétation de la politique familiale.
12Il est également intéressant de voir la famille dans ses domaines danubiens dans le midi danubien, c’est-à-dire à Szalkszentmàrton et surtout dans le comitat Bodrog. Ce dernier devint ensuite la base d’une branche de la famille. De toute façon, le foyer original se trouvait sur l’île Csepel, avec une église en pierre appartenant à la famille20. Si pendant quelques décennies, Imre Becsei et sa famille réussirent à construire un patrimoine important sur le fleuve, cela n’empêcha pas le pouvoir royal d’intervenir pour ses propres intérêts.
13Il s’agit notamment d’une expansion royale le long du fleuve. Comme nous l’avons déja indiqué, les résidences royales se prolifèrent dans cette zone déjà à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle. Grace à un échange fait avec l’évêque de Veszprém en 1318, le roi s’empara du village riverain de Szentendre, y compris des terres et des droits voisins, ainsi que des îles et des pêcheries dans le Danube21. L’évêque reçut en échange des biens plus proches de son siège, mais nous n’avons aucun doute que cet échange fut imposé par le roi dans le but de réunifier le domaine royal le long du fleuve. Avec cette manoeuvre, Charles Robert réussit à former une bande de domaine continue de Buda à Visegràd, qui annonce déja l’installation de la nouvelle résidence royale dans le coude du Danube, à Visegràd (1323). Un peu plus tard, en 1347, c’est son fils Louis Ier qui échangea des biens avec les Becsei s’accaparant ainsi des pièces précieuses de l’île Csepel. L’intention du roi de s’imposer sur cet ancien terrain de chasse des rois et des reines près de Buda est plus que probable22.
14Un peu plus à l’ouest, entre Győr et Esztergom, nous avons Komárom, un château et une ville très importants. À l’orgine, le château dominait la confluence de plusieurs fleuves importants, le Vág (Vah), le Nyitra (Nitra) et le Danube. Dans la mouvance directe du château, se trouvaient 22 villages constituant ainsi une vraie clé de la région. Komárom fut également le centre régional du commerce de poisson. La politique royale y suivit une logique différente de celle qui a été abordée plus haut. Le domaine, en bloc, fut l’objet de donations, mais revint ensuite régulièrement au pouvoir royal. On voit également que ce sont des fidèles inconditionnels du roi qui le détinrent à partir de la seconde moitié du XIIIe siècle. Suite à une période d’instabilité, Charles Robert donna Komárom au maître Doncs, fidèle du roi. Le domaine retourna ensuite au roi en 1372 pour être de nouveau concédé au palatin István Lackfi en 138723.
15Si la présence royale s’impose sur une section importante du Danube, ce n’est pas uniquement les domaines de la coronne qui marquent l’importance croissante du pouvoir royal. En Hongrie, les droits de pêche ou les divers usages des eaux furent concédés avec les donations ; ainsi on ne peut pas parler d’un monopole royal de la pêche sauf peut-être sur les vizas (béluga, huso huso). À l’inverse, chaque création de droits de passage ou de ports fut sérieusement contrôlée par le pouvoir royal. Certes la période d’un demi siècle à partir des années 1270 vit une augmentation considérable des faux péages et Charles Robert réussit à les abolir avec succès après la consolidation de son pouvoir, donc à partir des annés 132024. De toute facon, sur la section concernée du Danube, les bacs et les passages restèrent relativement stables, sauf peut être à Szigetfő, à l’extrémité méridionale de l’île de Csepel où grâce à une décision royale, les religieuses de Veszprémvölgy réussirent à mettre la main sur le passage en 1330 après de longues années d’insécurité25. À peine trois décennies plus tard, c’est Louis Ier qui assura de nouveau sa fonction26.
Hôtes privilégiés
16Le regroupement domanial, à partir de la fin du XIIIe siècle, ne fut pas le seul élément de la politique royale visant un contrôle éminent sur le fleuve. L’invasion des Mongols en 1241-42 détruisit de nombreuses zones du paysage danubien. Pourtant, la dépopulation ne s’arrêta pas là, car les conditions parfois anarchiques de la fin du siècle et les luttes du pouvoir royal contre les oligarches entraina également le déplacement de la population27. Le pouvoir royal tenta de fixer de nouveaux résidents en leur accordant des terrains et des privilèges fiscaux. Déjà, Béla IV en fit preuve, à partir des années 1260. Il est intéressant de voir les nouveaux hôtes, en grande majorité des germaniques, arrivés des territoires danubiens situés en amont. Une migration des colons et des hôtes en aval du fleuve est attestée28. Pourtant, certaines villes hongroises eurent des pourcentages importants d’hôtes, italiens ou francophones, surtout des vallons appelés tous Latini avant l’attaque des Mongols. Le long du fleuve, cette situation changea en faveur des communautés d’hôtes allemands qui existaient pratiquement dans chaque ville ou centre danubien ainsi à partir de Pozsony à travers Győr, Komárom, Esztergom, Visegrád et Vác jusqu’à dans la zone de Buda-Óbuda-Pest. L’infiltration des Allemands dans certains secteurs fut impressionnant. Certains chercheurs évoquent que la plaine de Moson (zone inondable à l’extrémité occidentale du pays) connut un changement complet de sa population durant le XIVe siècle29. Les connaissances sont très lacunaires mais nous savons qu’en de nombreux cas, ils figurent parmi les membres ou les dirgeants des communautés portuaires de pêcheurs ou de bateliers. Ainsi, un certain Ulrich Stalcher fut juge et administrateur de la communauté des bateliers de Pest en 132630. Rappelons également qu’à Buda, le pouvoir politique fut dans la main de la communauté allemande, installée dans la partie supérieure de la ville, tout au long du XIVe siècle. Pourtant, ce ne fut pas uniquement les allemands qui s’implantèrent dans cette zone fluviale. Nous avons des hôtes hongrois et des populations slaves31 riveraines. En dehors des villes, d’autres communautés sont repérables ; ainsi, certains villages naquirent grâce à des initiatives royales pour assurer des services le long du fleuve. Tous n’eurent pas un succès immédiat. À Füzitő (comitat Komárom), deux-tiers des droits de passage fut offert par le roi Béla IV aux hôtes pour en couvrir les frais d’un éventuel accueil du roi32. Le roi prévut donc des passages et des arrêts dans ce secteur danubien. Un autre signe de cet intéret croissant fut la fondation de Nagymaros, ville des hôtes allemands très caractéristique de l’époque. Le village de Nagymaros (all. Neustadt) en face de Visegrád fut désigné d’abord à la fin du XIIIe siècle aux hôtes de Visegrád, bien serrés entre la montagne et le fleuve. Ainsi naquit une nouvelle ville avec ses premiers privilèges, concernant initialement la pêche dans le Danube. Ces derniers furent remis en cause par la collégiale Sainte-Marguerite de Dömös à la fin du XIIIe siècle. Le dernier roi des Árpáds, André III n’eut pas d’autre choix que de révoquer en 1298 les privilèges qui empiétaient sur les droits de pêche de la collégiale33.
17Dans un autre contexte, à partir de la fin du XIIIe siècle, la région fut touchée sérieusement par les luttes entre le pouvoir royal et les oligarches. Cette seconde période d’insécurité ne cessa qu’au début des années 1320. Au début du XIVe siècle, elle fut aggravée par luttes pour la couronne hongroise. En 1304, ce sont les Tchèques de Venzeslas qui occupèrent Visegrád. lls empêchèrent également le trafic fluvial comme la plainte de l’abbé de Szekszàrd en témoigne. Pour rentrer d’une visite faite à l’archevêque d’Esztergom, il chosit la route fluviale, bien plus rapide, prévoyant une descente de plus de 150 kilomètres. Pourtant, il fut attaqué et pris par les Tchèques qui occupaient Visegràd en janvier 130534. Ensuite, jusqu’en 1320, Visegrád fut entre les mains de Csák Máté, l’un des plus grands oligarches du pays, occupant les territoires du nord-ouest de la Hongrie35. Une initiative royale visait de créer une ville double sur le Danube à Visegrád mais ce ne fut pas réalisé avant la mort de l’oligarche en 1321. Par contre, à partir de là, on observe que l’idée fit son chemin au sein de la cour royale. Nagymaros, la ville évoquée, profita nettement du déplacement du siège royal à Visegràd. Pratiquement au même moment, en 1323 et en 1324, Charles Robert Ier octroya à la ville des privilèges de péage et de circulation libre sur le Danube (en tout 250 kilomètres concernés), ainsi que les privilèges de pêches jadis révoqués36. Ces derniers concernaient les vizas (béluga, huso huso), espèce de poisson bien apprécié à l’époque et dont la pêche fut le seul cas où l’on puisse évoquer un monopole du roi37. Les habitants de Nagymaros furent en grande majorité des hôtes allemands qui profitaient également des concessions donnant accès à des forêts royales de l’autre côté du fleuve pour faciliter les travaux de constructions. Il nous parait évident que le roi fut parfaitement conscient de son choix et voulait accompagner son installation en amont de Buda par un nouveau centre à double rivage comme ce fut déjà le cas de Pest et Buda, qui demeurèrent, certes, administrativement séparés38. Enfin, il nous reste à signaler l’activité des marchands allemands (temletesek) tout au long de cette section du Danube en se spécialisant dans le commerce avec des vizas (béluga) et d’autres poissons coupés et salés39.
18Le cas de Szentendre, nouvelle acquisition du roi, évoqué en haut, nous renseigne également sur la pratique de certaines récompenses de la politique royale. La bourgade, en compagnie de Dunabogdány, un village voisin danubien reçurent du roi angevin une immunité de péage en 1318 pour la section entre Esztergom et Buda pour leur fidélité lors des années incertaines. Les religieuses de l’île Marguerite réclamèrent le rétablissement de leurs droits qu’elles sentirent violés. Enfin, deux ans plus tard, le roi prit une décision en faveur des religieuses40.
19En dehors des communautés ethniques ou professionnelles bénéficiant de privilèges, il convient de jeter un coup d’oeil sur les droits ou les prérogatives des villes riveraines. Durant le Moyen Âge et surtout à partir des XIIe-XIIIe siècles, de nombreuses villes hongoises (du domaine royal) bénéficièrent de privilèges importants concernant l’organisation administrative, la gestion urbaine et en s’assurant une large autonomiepouvant aller jusqu’au choix des curés des paroisses. Ces prérogatives trouvèrent leurs sources dans « les privilèges des hôtes » assurés par les rois à des populations et migrants étrangers qui s’installaient en Hongrie41. Or, dans le cas des villes danubiennes situées en amont, nous en avons peu de traces. Győr, Vác, comme nous l’avons évoqué en haut, furent des villes sous la domination de leurs évêques. Esztergom ville de l’archevêque, fut également soustrait, au moins en partie, de ces avantages. Il nous reste Komárom, Visegrád et le triangle Óbuda-Buda-Pest sous un contrôle royal direct.
20Cependant, il parait que le pouvoir royal fut conscient de sa responsabilité croissante. Les habitants de Pozsony obtinrent le privilège d’immunité de péages et de divers droits de passages dans tout le royaume déjà à la fin de l’époque des Árpads, sous André III42. À première vue, cette immunité avait pour but d’encourager les habitants de Pozsony de participer au commerce frontalier tout spécialement avec Vienne. La Hongrie avait besoin de leurs bateaux et de leurs appareils. Cela créa ainsi une plaque tournante commerciale tout près de la frontière avec l’Empire43. Une confirmation de cette immunité date de 1328, à l’occasion du retour de Pozsony à la couronne hongroise44 et quelques années après le déplacement du roi angevin et de sa cours à Visegrád. Nous pensons que cette mesure favorisa déjà en principe le déplacement des marchands de Pozsony sur le fil du Danube en aval, vers Esztergom, Visegrád ou plus encore à Buda. Ajoutons que nous ne connaissons pas d’autres villes danubiennes bénéficiant d’une telle immunité. Il y en a qui, à partir du milieu du XIIIe siècle, luttait longuement pour une immunités de péage, comme ce fut le cas d’Esztergom, siège métropolitain, mais sans résultat45. Ce privilège de Pozsony semblait être menacé au milieu du XIVe siècle, pendant l’absence de Louis Ier menant sa seconde campagne militaire en Italie. Cette fois c’est Élisabeth, la reine mère qui rappela à tous les officiers et percepteurs sur le Danube de respecter les anciennes prérogatives des habitants de Pozsony46. Six années plus tard, en 1356, nous retrouvons une fois de plus la rénovation de cette immunité, cette fois explicitement dans un contexte danubien visant le ravitaillement de la cour de Visegrád47.
21Ajoutons pourtant que ce ne sont pas uniquement les immunités qui auraient pu remettre une communauté dans une situation plus favorable. Certains droits, comme le droit de dépôt ou l’obligation de décharger les marchandises valables pour tous les marchands. Or ces mesures, sous les Angevins, semblent favoriser uniquement Buda qui devint ainsi une plaque tournante à l’intérieur du royaume et qui concentra la partie écrasante du trafic danubien.
Corps professionnels des sociétés riveraines
22Si des métiers ayant des rapports plus ou moins étroits avec le Danube sont présents depuis le XIIIe siècle, cela concerne plutôt la vie des cités protégées, donc l’équilibre intra muros. Cette fois notre but serait de mettre en avant les toutes premières initiatives d’une société extra muros, résidant dans la proximité du fleuve, ayant ses propres points d’attrait et de rencontre dans cet espace fluvial.
23La population riveraine au XIVe siècle vivait en grande majorité dans une dépendance seigneuriale. Si l’historiographie hongroise s’accorde sur le fait que cela représentait une dépendance juridique quasi uniforme à l’époque des Angevins, nous pouvons remarquer l’existence d’une relative diversité des conditions et des modes de vie. Rappelons également que la dépendance royale représentait une condition plus avantageuse. Ce fut le cas des bateliers de Pest par exemple. Dès la seconde moitié du XIIIe siècle, plus précisément à partir de 1268, on connait la société des bateliers de Pest et de Jenő avec le nom de certains dirigeants48. Il s’agit d’une date très précoce. De toute facon, la section autrichienne du Danube dut être dans une situation semblable dans la mesure où les premiers privilèges accordés aux bateliers datent de cette époque à Vienne ou à Tulln aussi49. Cela ne signifie point encore l’existence d’un métier autonome. À cette époque, en Hongrie des pêcheurs se mêlaient encore avec les bateliers et parfois on arrive mal à séparer les bateliers se chargeant du transport fluvial (sur des distances moyennes et longues) de ceux qui assuraient un service de passage entre deux ports des rives opposées. Le tournant des XIIIe–XIVe siècles représente justement la période où ces tâches et responsabilités se séparent ouvrant le chemin d’une ascension sociale aux bateliers, sujets directs du roi50. Ces changements ne se déroulèrent pas sans conflit. Deux établissements ecclésiastiques furent largement concernés. La collégiale d’Óbuda, fondation prestigieuse du XIe siècle et les religieuses dominicaines de l’île Marguerite, profitant de l’attention particulière de la famille royale, suivaient ces changements avec beaucoup de vigileance. Óbuda détenait le tiers des péages de Pest sur les marchandises qui passait le Danube. Or, il semble que les bateliers ne respectaient pas ces prérogatives et à partir de la fin du XIIIe siècle, ils mirent la main sur ces droits. Enfin, une intervention royale règla le problème en juillet 132651. Ajoutons que les droits de la collégiale ont été empiétés par la ville de Pest également sur un péage dit « tributum maior » qui fut assigné au transport de sel au bac de Pest. Ce conflit fut également reglé par le roi à peine deux mois avant52. Dix ans plus tard, en 1336, prit fin un autre conflit qui remontait également à plusieurs décennies. Les bateliers de Buda cherchèrent à renforcer leurs positions, assurant le service d’un port qui se trouva sous l’enceinte de Buda. Cette tentative se solda par un échec car les bateliers de Jenő et ceux de Pest les empêchèrent de fonctionner. Même la ville de Buda n’y intervient pas en leur faveur53. Presqu’en même temps, le service de bac à Jenő fut ciblé par les bateliers de la collégiale de la Trinité de Felhéviz (bourgade voisine de Buda au nord). Cette démarche porta atteinte aux droits seigneuriaux des religieuses de l’île Marguerite, propriétaires uniques du bac. Le conflit se termina en 1335 par la décision du roi en faveur des religieuses54.
24Il parait donc qu’après son installation à Visegrád (1323), Charles Robert Ier chercha à régler les principaux conflits sur le Danube dont il a hérité à partir des années 1280, remontant donc bien avant de son arrivée en Hongrie (1301).
25Après avoir vu l’intérêt croissant du fleuve aussi bien dans l’économie que dans la politique du pays, puis les efforts du roi pour contrôler cette zone, il faut s’intéresser au volume et aux particularités du trafic fluvial. Malheureusement, nous avons très peu d’informations de notre période. Les tarifs de péages de Győr, d’Esztergom et de Buda nous parvinrent55, pourtant il est impossible d’en avoir des résultats de grandes portées concernant le trafic fluvial. Une circulation continue en aval est apparente. Par contre, nous avons très peu d’informations de transports en amont. Un document des années 1240 nous renseigne sur les services de transport des pêcheurs-bateliers de Vének (village proche de Győr) assurés pour leur seigneur, l’abbé de Pannonhalma. L’abbaye exigea un service sur plus de 250 kilomètres sur le Danube, mais les pêcheurs-bateliers le refusèrent sans avoir une rémunération complémentaire56. On fait allusion au halage qui fut nécessaire pour la remontée.
26Ajoutons que la reconstitution de la route accompagnant le fleuve, nécessaire pour le halage, est également délicate car elle devait changer de rive plusieurs fois. Nous n’avons ensuite ni de registres ni de sources narratives qui pourraient nous permettre de dresser un tableau en détails concernant la remontée du Danube. Ajoutons en plus que le régime fluvial du Danube ne permit pas davantage une navigation constante. Si nos donnés nous indiquent un changement (refrodissement hivernal) plus spectaculaire du climat à partir du milieu du XVe siècle on voit que les gelées et les inondations n’étaient pas inconnues dans la période précédente57.
27De toute facon, l’installation de la cour à Visegrád, le développement de Pozsony et des centres autours de Buda suggèrent un trafic dense dans cette section. La présence évoquée du pouvoir royal ne résulta pas pourtant d’une intervention directe du souverain pour faciliter la navigation. Dans ce sens, les donnés géographiques ne firent pas obstacle58. Certes, des soucis militaires évitèrent souvent cette zone, mais force est de signaler que le début des luttes contre l’empire ottoman à la fin du XIVe siecle revalorisèrent le Danube dans l’intégralité de son parcours.. Dans le Midi, les conflits s’annoncent déjà dans les années 1370, donc à la fin du règne de Louis Ier59. Si le fleuve se coupa ainsi au moins en deux sections, un arrière pays en haut, s’allongeant essentiellement de Pozsony á Buda et une zone de conflit en bas, le Danube devait être géré dans son intégralité.
Conclusion
28Cherchant à représenter les changements politiques ou sociaux qui se déroulèrent dans la région danubienne en Hongrie, on découvre que l’époque des Angevins ne s’interprète pas en elle même, mais le Danube fut valorisé déjà lors des dernières décennies des Árpáds. Après avoir consolidé son pouvoir, Charles Robert d’Anjou reprit ce fil à partir de ses résidences, pratiquant le regroupement des biens fonciers et assurant également un contrôle plus efficace sur le fleuve. Ajoutons également que cette politique se lit dans un autre contexte aussi. L’Europe central eut à partir de cette époque des dynasties ambitieuses avec des projets politiques à l’échelle européenne. Les Habsbourgs, installés dans la principauté d’Autriche à la fin du XIIIe siècle, les Luxembourgs au début du XIVe siècle en Bohême, ensuite les Angevins en Hongrie, tous les trois contribuèrent à la revalorisation du Danube qui devint un fil stratégique et une surface de contact vif. Si l’arrivée de Sigismond de Luxembourg en Hongrie en 1387 donna encore un coup d’élan à ce processus, on doit aperçevoir que ce ne fut pas sans prémisses mais les derniers Árpáds et les rois Angevins de la Hongrie y ont beaucoup contribué.
Notes
1 GY. KRISTÓ, Tájszemlélet és térszervezés a középkori Magyarországon, Szeged, 2003. p. 61-62, 72.
2 M. SUTTOR., « Le rôle d’un fleuve comme limite ou frontière au Moyen Âge. La Meuse de Sedan à Maastricht », Le Moyen Âge 2010/2 (t. CXVI), p. 335-366.
3 B. WEISZ, A király ketteje és az ispán harmada. Vámok és vámszedés Magyarországon a középkor első felében, Budapest, MTA BTK TTI, 2013, p. 318.
4 Ibid. p. 316.
5 Anjou-kori oklevéltár I–XXXII. T. ALMÁSI, L. BLAZOVICH, L. GÉCZY, T. KÓFALVI, GY. KRISTÓ, F. PITI, F. SEBŐK, I. TÓTH (dir.). Budapest–Szeged, 1990–2013, (dans la suite AOK) t. XXVIII n. 460, AOK op. cit., t. XXIX n. 38, T. ORTVAY, Pozsony város története, I-III, Pozsony, 1892-1903, t. II/II p. 388-392, t. II/III. p. 13-15. voir aussi : J. KIRÁLY, Pozsony város joga a középkorban, Budapest, 1894, p. 34-36. M. STIEBEROVÁ, « Die Siedlungsentwicklung der Stadt Bratislava bis Ende des 13 Jahrhuderts », Städte im Donauraum. Sammelband zum 700 Jahresfeier des Stadtgrundprivilegs von Pressburg 1291-1991, R. MARSINA (dir.), Bratislava, 1993, p. 88-89.
6 AOK op. cit. t. XXXIV. n. 342. Contrat renouvelé en 1356 pour dix ans voir : AOK op. cit. t. XL n. 212.
7 Monumenta Germaniae Historica, Scriptores t. IX p. 651, 703, F. OPLL, « Pressburg und Wien im Mittelalter- Unterschiede, Paralelle und Begegnungen », Städte im Donauraum, R. MARSINA (dir.), Bratislava, 1993, 113.
8 Zsigmondkori okmánytár, E. MÁLYUSZ (dir.), t. II, Budapest, 1958, n. 5810.
9 K. WEISS, Geschichte der Stadt Wien, t. I, Wien, 1882.p. 383-384 ; P. CSENDES, « Die Donaustädte von Passau bis Pressburg im 15. Jahrhundert », Die Stadt am Ausgang des Mittelalters (Beiträge zur Geschichte der Städte Mitteleuropas 3), W. RAUSCH (dir.), Linz/Donau, 1974, p. 97. ; F. OPLL, « Pressburg…op.cit. » p. 97-120.
10 F. OPLL, « Pressburg…op.cit. », p. 111 ; T. ORTVAY, Pozsony op. cit., t. II/II 399-400.
11 A. ZSOLDOS, Az Árpádok és asszonyaik. A királynéi intézmény az Árpádok korában, Budapest, 2005, p. 46.
12 Ibid., p. 45-46 ; I. TRINGLI, « Pest megye a késő középkorban », Pest megye monográàfiája, A. ZSOLDOS (dir.), I/2, Budapest, 2001, p. 82-83.
13 Ainsi sur la rive opposée d’Esztergom, au bac de Kakat, l’abbaye possédait dix familles serviteurs à partir du XIe siècle, elle eut des biens dispersés à l’embouchure de Garam (Hron), Zsitva (Zitava), et de Vág (Váh), ainsi qu’à Komárom. Ses biens se complétaient des droits de pêche et de divers prélèvements riverains. AOK op. cit. t. XX. n. 206, K. KEGLEVICH, A garamszentbenedeki apátság története az Árpád-korban és az Anjou-korban (1075-1403), Capitulum VIII, Szeged, 2012, p. 184-186, 201.
14 Dans la proximité de Győr, Pannonhalma fut le propriétaire du village Gönyü, d’une île d’une importance stratégique ainsi que d’un village des pêcheurs de Vének, ensuite des villages et des biens dispersés aux alentours de Füzitő et d’Almás. Notons également les positions fortes de Pannonhalma en amont des passages de Pozsony. GY. GYÖRFFY, Az Árpád-kori Magyarorszáàg történeti földrajza I–IV, Budapest, 1963–1998, t. II. p. 573, Ibid t. III. p. 396, 402,415, 417.
15 L’abbaye bénédictine de Bakonybél bien que située en plein milieu de Transdanubie à une cinquantaine de kilomètres du Danube, eut des positions fortes à Komárom, point stratégique de la section en amont du Danube. GY. GYÖRFFY, Az Árpád-kori...op.cit. t. III. p. 429-430, voir aussi plus bas.
16 GY. GYÖRFFY, Pest-Buda kialakulása. Budapest története a honfoglaláàstól az Árpád-kor végi székvárossá alakulásig, Akadémiai Kiadó, Budapest, 1997. p. 175-179; B. WEISZ, A király ketteje...op.cit., p. 98-101.
17 AOK op. cit. t. III. n. 256-257, t. IV. n. 485, t. V. n. 440, t. VI. n. 895, t. IX. n. 32.
18 AOK op. cit., t. XIII. n. 491.
19 O. MÉSZÁROS, A késő középkori Visegrád város története és helyrajza, Visegrád, MNM Mátyás Király Múzeum, 2009, p. 64–66, 113–118.
20 AOK op. cit., t. XXVI n. 586.
21 AOK op. cit., t. V. p. 78, n. 175.
22 AOK op. cit., t. XXXI n. 892, I. TRINGLI, « Pest megye… op.cit. », p. 82-83.
23 T. ALMÁSI–P. ENGEL–I..FELD, « Komárom », Korai magyar történeti lexikon, GY. KRISTÓ (dir.), Budapest, 1994, p. 365. B. WEISZ, A király ketteje...op.cit., p. 234-235. ALAPY 1933, p. 36-38., 58-62, 69-71.
24 Sur les tentatives d’André III pour rétablir un certain ordre, voir GY. KRISTÓ, Histoire de la Hongrie médiévale I. Temps des Arpads, Rennes, PUR, 2000, p. 157.
25 AOK op. cit., t. XIV. n. 154. Voir aussi B. WEISZ, A király ketteje...op.cit., p. 380.
26 Anjou-kori okmánytár I–VII. Codex diplomaticus Hungaricus Andegavensis, I. Nagy, GY. Nagy (ed.), Budapest, 1878–1920, t. VII. n. 329.
27 GY. KRISTÓ, Csàk Màté, Budapest, 1986, p. 57, 65, 94 ; GY. KRISTÓ, Histoire de la Hongrie…op.cit., p. 151-152.
28 Voir pour le Rhône par exemple : J. ROSSIAUD, Le Rhône au Moyen Âge, Paris, Aubier, 2007, p. 228-231, 237.
29 K. TAKÁCS, « Néhány észrevétel Györffy György Árpád-kori történeti földrajzának legújabb kötetéhez », Aetas 1999/3, p. 130.
30 AOK op. cit., t. X. n. 298
31 À partir du XIIIe siècle, dans le coude du Danube à l’extrémité nord de l’Ile de Szentendre, le village Kisoroszi, celui de Tóthfalu près de Buda (côté nord également), une rue « tothwcha » à Tétény témoignent tous de la présence d’une population d’origine slave à l’époque. GY. GYÖRFFY, Az Árpád-kori...op.cit., t. IV. p. 687-688 ; A. VÉGH, Buda város középkori helyrajza, Budapest, BTM, 2006, t. I., p. 95 ; ZsO II. n. 3597.
32 Un tiers appartenait à l’abbaye de Pannonhalma. B. WEISZ, A király ketteje...op.cit., p. 166.
33 Árpád-házi királyok okleveleinek kritikai jegyzéke (1290-1301), I. SZENTPÉTERY, I. BALLA Akadémiai Kiadó, Budapest, 1987.t. II/4 n. 4190-4191 et 4200. O. MÉSZÁROS, A késő középkori Visegrád...op.cit., p. 24. Il s’agit d’une section de 10 à 15 kilomètres environ, entre l’île Leusták et Ipolytő.
34 AOK op. cit. t. I. n. 705.
35 GY. KRISTÓ, Csák Máté...op.cit., p. 195-197. Komárom, une autre clé important de la région fut reprise en 1317 par le roi.
36 AOK op. cit., t. VII. n. 481, AOK op. cit., t. VIII. n. 269. Détaillés par O. MÉSZÁROS, A késő középkori Visegrád...op.cit., p. 56-58.
37 Au Moyen Âge, ces poissons remontaient le Danube en amont de la Mer Noir par l’estuaire du Danube jusqu’á Pozsony. Leur longévité (dépassant cents ans) et leur taille (atteignant parfois plus de 8-12 mètres et plusieurs tonnes) témoignent de leur caractère exeptionnel. Leur pêche nécessita des instruments spéciaux et une coopération active des pêcheurs. Au Moyen Âge, la Hongrie profita beaucoup de leurs migrations, effectuées deux fois par an pour déposer leurs oeufs. Aujourd’hui, à cause des régularisations fluviales et des barrages sur le Danube, ils ne remontent plus le fleuve, voir : GY. ALAPY, A csalóközi halászat története, Komárom, 1933 ; E. SOLYMOS, Dunai halászat. Népi halászat a magyar Dunán, Budapest, 1965.
38 Les donnés et les dispositions complémentaires de Visegrád et de Nagymaros furent déjà évoqués parmi d’autres par András Kubinyi dans un article de 1994, publié plus tard dans A. KUBINYI, Főpapok, egyházi intézmények és vallásosság a középkori Magyarországon, Budapest 1999, p. 306 ; O. MÉSZÁROS, A késő középkori Visegrád...op.cit., p. 24, 55 ; K. Szende, « Stadt und Naturlandschaft im ungarischen Donauraum des Mittelalters », Europäische Städte im Mittelalter, F.OPLL, Ch. SONNLECHNER (dir.), Wien, Studien Verlag, 2010, p. 385.
39 GY. GYÖRFFY, Az Árpád-kori...op.cit. t. III. 431, AOK op. cit. t. I. n. 803.
40 AOK op. cit. t. V n. 857.
41 GY. KRISTÓ, Histoire de la Hongrie…op.cit. ; p. 95–96 ; 110 ; P. ENGEL, Gy. KRISTÓ, A.KUBINYI, Histoire de la Hongrie médiévale. Tome 2 Des Angevins aux Habsbourgs, PUR, 2008. p. 107-108.
42 B. WEISZ, A király ketteje...op.cit., p. 318. La première mesure datait de 1291.
43 Voir aussi R. SKORKA, « Pozsony a bécsi közvetítő kereskedelem árnyékában » In : Tiszteletkör. Történeti tanulmányok Draskóczy István egyetemi tanár 60. születésnapjára. G. MIKÓ, B. PÉTERFI, A. VADAS (dir.). Budapest, 2012, p. 302-303.
44 Les deux premiers cas sont en relation étroite avec le règlement de la situation politique de Pozsony [Bratislava]. En 1291, la ville revient à la Hongrie après quelques annés d’occupation autrichienne. Ce contrat fut renforcé en 1296 par le mariage d’André III et Agnès fille d’Albert Habsbourg. La mesure que les bateaux étrangers doivent être accomapagnés par quelqu’un de Pozsony date de l’année suivante (1297). En 1328, c’est une occasion semblable, cette fois à l’occasion de la paix de Bruck car avant Pozsony avec son comitat furent assignés à Agnès de Habsbourg, veuve de André III, à partir de 1301. Si en 1323, la ville retourna à la couronne hongroise, la situation ne fut réglée définitivement qu’en 1328. Voir : Magyar Békeszerződések 1000-1526, J. KÖBLÖS, SZ. SÜTTŐ, K. SZENDE ( dir..) Pápa, 2000. n. 33, p. 90-95 et n. 34, p. 96-105., J. Házi, Pozsony vármegye középkori földrajza, Pozsony, Kalligram, 2000. p. 24-25.
45 B. WEISZ, A király ketteje...op.cit., p. 151-153.
46 AOK op. cit. t. XXXIV n. 9.
47 AOK op. cit. t. XL n. 112.
48 A. KUBINYI, « Budafelhévíz topográfiája és gazdasági fejlődése » A. KUBINYI, Tanulmányok Budapest középkori történetéről (Tanulmányok Budapest múltjából 16. (1964) 85-170), Budapest, 2009, t. I., p. 128-135, GY : GYÖRFFY, Pest-Buda…op.cit., p. 190-191.
49 E. NEWEKLOWSKY, Die Schiffart und Flösserei im Raume der oberen Donau t. I-III, Linz, 1952-1964, t. II., p. 115.
50 A. KUBINYI, « Budafelhévíz…op.cit. », p. 129.
51 AOK op. cit. t. X n. 298.
52 AOK op. cit. t. X n. 229.
53 AOK op. cit. t. XX. n. 477, AO III. p. 312-315.
54 AOK op. cit. t. XIX n. 107 ; A. KUBINYI, « Budafelhévíz…op.cit. », p. 153, Anjou-kori okmánytár op. cit. t. VII. p. 596-598.
55 B. WEISZ, A király ketteje...op.cit., p. 97-98, 140-150, 182-184;
56 Pannonhalmi Szent Benedek rend története I. A pannonhalmi főapátság története, L. ERDÉLYI (dir.), Budapest, 1902. p. 779-780, GY. GYÖRFFY, Az Árpád-kori...op.cit. t. II. p. 640-641.
57 Voir A. KISS, J. LASZLOVSZKY, « Árvízhullámok a Dunán ? A Duna árvizei és a visegrádi ferences kolostor a késő középkorban és a kora újkorban », Korall 53 (2013) p. 36-65. ; A. KISS, « Árvizek és magas vízszintek a 13-15. századi Magyarországon egykorú írott források alapjáàn », Környezettörténet 2. Környezeti események a honfoglalástól napjainkig, történeti és természettudományi források tükrében., M. KÁZMÉR (dir.), Budapest, 2011, p. 49 et suiv. Pourtant, il est à noter que certains résultats des recherches archéologiques portant sur l’environnement nous indiquent un niveau plus bas du fleuve encore au cours du XIVe siècle. O. Mészáros, G. Serlegi, « Környezeti változások hatása a középkori településviszonyokra a Dunántúlon », Archaeologiai Értesítő 136 (2011), p. 215-235.
58 Prenons le cas de la Seine où les mesures de Philipe le Bel contribuèrent à un meilleur accès par la navigation. Serna 1999, 32. Pour d’autres interventions voir A. Sadourny, « Les transports sur la Seine aux XIIIe et XIVe siècles », Les transports au Moyen Âge, Actes du congrès de la Société des historiens médiévistes de l’enseignement supérieur public. 7e congrès, Rennes, 1976, p. 237.
59 P. ENGEL, GY. KRISTO, A.KUBINYI, Histoire de la Hongrie...op.cit., p. 120-121.
L'auteur
Maitre de conférence á l’Université Károli Gáspár de Budapest et chargé de cours á l’Université de Szeged