> Articles

Hélène Schneider,

Les relations de la principauté de Lorraine et de Bar avec l’Empire d’après le trésor des chartes ducal (1480-1508)

Texte intégral go_to_top

1Les duchés de Lorraine et de Bar se situent pour l’essentiel en terre d’Empire, l’ouest de la Meuse relevant seul du Royaume de France, mais ils prétendent au statut d’alleu c’est-à-dire de principauté détenue en toute souveraineté « par la grâce de Dieu », sans prêter hommage à qui que ce soit. Les relations entre le duc de Lorraine René II et l’Empire à la fin du XVe siècle, s’inscrivent d’abord dans le contexte de la chute de la puissance bourguignonne, principauté la plus florissante de l’époque, au cœur de l’Europe septentrionale. La Bourgogne occupe en effet une place centrale et un espace très dynamique et bien administré dont la prospérité doit alors beaucoup au grand commerce international entre Italie et Flandre. Les guerres lui ont permis de dominer l’espace compris entre le Rhin et la Meuse, de Bâle à la mer du Nord ; une zone géographique dont la richesse a entraîné un morcellement politique séculaire et l’imbrication extrêmement complexe de seigneuries et de principautés tant ecclésiastiques que laïques. Les territoires y sont particulièrement morcelés et enchevêtrés du fait des guerres, des partages successoraux et des luttes de lignages notamment.

2La puissance bourguignonne vaincue, son duc ayant perdu la vie, l’affrontement sur cette ligne de partage entre Empire et royaume de France se prolonge car la volonté de dépeçage et de profit des vainqueurs se développe sur fond de rivalité profonde pour la domination de l’Italie. L’Empire considère cette dernière comme une « chasse gardée » du fait de l’héritage carolingien et les rois de France veulent à tout prix s’y implanter, comme héritiers des Angevins.

3Dans cette situation géopolitique difficile, l’élection de Maximilien en qualité de Roi des Romains place sur le trône impérial un homme décidé à réformer l’Empire, à renforcer son autorité judiciaire et sa puissance militaire, grâce à l’obtention de moyens financiers accrus et réguliers bien nécessaires. En effet, dans les années 1470, l’Empereur peut compter sur des revenus qui n’atteignent ni le tiers de ceux du duc de Bourgogne ni le sixième de ceux du roi de France1.

4Les relations politiques, diplomatiques et militaires de cette région de l’Europe sont marquées par l’alternance ou la concomitance de guerres ouvertes ou privées, de problèmes de respect de frontières étroitement imbriquées, de négociations de paix et d’alliances y compris matrimoniales. Le duc de Lorraine et de Bar y partage avec ses puissants voisins une grande volonté de paix, dans le désir de consacrer lui aussi ses forces à des conquêtes italiennes pour tenter de recouvrer le royaume de Naples dont son grand-père fut chassé en 1442. On assiste ainsi, du point de vue lorrain, à une succession de périodes où la tension des relations avec les grandes puissances voisines varie : dans les années 1477-1485, une difficile élaboration de la paix entre les belligérants s’accompagne d’efforts de consolidations par la multiplication de traités d’alliances ; Maximilien ayant épousé Marie de Bourgogne se trouve alors du côté du vaincu et cherche à rétablir la situation. Couronné roi des Romains, le 16 février 1486, le futur souverain s’efforce d’imposer progressivement son autorité aux princes d’Empire et notamment à René II, sur fond d’une rivalité persistante avec le roi de France qui place René II dans une position militaire et diplomatique difficile entre les deux ennemis.

5La guerre entre l’Empire et la France culmine en 1498-1499, années durant lesquelles le duc s’efforce de ménager ses frontières et ses sujets en évitant de s’engager avec des troupes tant d’un côté que de l’autre. À l’aube du XVIe siècle, l’apaisement gagne la région, Philippe le Beau, fils de Maximilien et de Marie de Bourgogne décédée, prend les rênes de la Bourgogne et entre lui-même parfois en conflit avec son père, mais mène avec ses autres voisins, en particulier avec les duchés de Lorraine et de Bar, une politique généralement plus conciliante2.

6Les sources ici mises en œuvre résultent de la quête systématique des fragments du trésor des chartes des ducs de Lorraine et de Bar dispersé de Paris à Vienne dans sept fonds principaux. Cette recherche a été complétée par les ressources des chambres des comptes de Bar et de Lorraine, la comptabilité précisant notamment les dépenses diplomatiques et militaires. Du côté de l’Empire, le site des « Regesta Imperii » offre un catalogue de documents émanant des autorités du Reich principalement, mais dispersées dans leur conservation, le « Landeshauptarchiv » de Coblence permet d’accéder aux archives politiques de l’archevêché de Trèves, du Palatinat et d’autres principautés de la région. Les archives bourguignonnes et luxembourgeoises, elles aussi éparpillées, ont été recherchées dans les dépôts à Lille, Bruxelles et Luxembourg principalement. Outre les décisions officielles qui ont subsisté, ont ainsi pu être rassemblées une partie des courriers échangés, des instructions aux ambassadeurs, des constats de dommages perpétrés, etc. sources sans doute plus fréquentes sans doute en pays de frontières qu’ailleurs3.

I Une laborieuse sortie des guerres de Bourgogne

7La mort de Charles le Téméraire devant Nancy le 4 janvier 1477 ne met pas immédiatement fin à la guerre entre les puissances engagées, ni un terme aux luttes locales, aux pillages de troupes se trouvant désœuvrées et aux guerres privées. Les vainqueurs, Louis XI et René II notamment, veulent profiter de la situation pour pousser leur avantage, avant que n’interviennent les règlements territoriaux. René II s’efforce donc de conquérir des positions, du côté de la « Bourgogne impériale » qui touche en deux points ses propres domaines : le sud du duché de Bar confine par le bailliage du Bassigny à la Franche Comté de Bourgogne4, tandis que le bailliage de Saint-Mihiel est limitrophe du duché de Luxembourg au nord-est. C’est dans ce dernier secteur géographique que le duc pousse principalement son avantage5 sans doute pour conquérir une position plus facile à défendre face au duché e Luxembourg. Il prolonge ses campagnes militaires et met la main sur les prévôtés de Virton et de Damvillers, le château de Chauvency et la terre commune de Marville et d’Arrancy qui demeureront acquises de 1478 à 1519. Le duché de Bar obtient ainsi les positions d’une défense naturelle contre les attaques septentrionales de l’Empereur, des princes allemands et des seigneurs luxembourgeois, mais aussi du Hainaut. Sur ces terres, se constituent fréquemment à l’époque des bandes armées régulièrement responsables de rapines, brigandages et dévastations dont souffrent le bailliage de Saint-Mihiel et le pays messin, comme les plaintes des prévôts s’en font l’écho, à travers la comptabilité ducale6. En janvier 1477, le bailli de Saint-Mihiel séjourne 4 jours à Longwy accompagné de 15 cavaliers « pour besogner aux courses et pilleries qui se faisaient par ceux de la garnison de Virton » puis il y revient deux jours pour organiser la garde des lieux ; le capitaine de la garde ducale, Jacques Wisse y séjourne 10 jours avec 5 cavaliers en juillet suivant7 ; en septembre, une déclaration des dommages perpétrés par des Luxembourgeois dans la prévôté de Longwy est dressée et portée à Bar8. Ces faits montrent un climat d’insécurité persistante. Les puissances de la région concernée se mobilisent pour rétablir la paix : une journée est tenue à Trèves puis des conférences à Metz, pour apaiser les relations entre les duchés de Bar et de Luxembourg.

A) La stabilisation des frontières

8On relève aussi à cette époque les contestations de modestes seigneurs possessionnés à proximité des frontières, notamment par Frédéric de Sombreffe seigneur de Kerpen, noble du duché de Brabant qui réclame une rente féodale et par Ferry de Hamm auteur d’une « défiance sur le duché de Bar »9. Les nombreux échanges de messages, les journées de conciliation et d’arbitrage organisées de nouveau à Trèves et à Metz notamment, la venue d’officiers ducaux sur place, montrent la volonté de régler rapidement toutes les sources de conflit. Pour que ces troubles locaux ne se développent pas, il est important d’assurer la paix à l’échelle régionale et internationale, autant que faire se peut. Le duc René II n’est pas isolé, face à l’effondrement de la Bourgogne. Il peut compter d’abord sur les alliances antérieures du duché avec ses voisins impériaux alliés dans le traité de Zürich en 1478 : les cantons suisses, l’union des villes alsaciennes, l’archiduc Sigismond d’Autriche et Louis XI tous sont déjà signataires de l’union perpétuelle de Constance en janvier 147410. Tous souhaitent pour un temps au moins, mettre fin aux conflits pour réparer les dommages subis.

9Le duc de Lorraine dispose d’autres appuis parfois anciens, en tout cas renforcés par les guerres de Bourgogne, les ennemis de Charles le Téméraire ayant réuni leurs forces pour limiter ses entreprises puis le vaincre : du sud au nord en passant par l’est, toutes les frontières des duchés sont sur la défensive. Dès sa brouille avec le duc de Bourgogne, René II a demandé à entrer le 1er  juin 1475, dans la coalition de princes allemands et de l’Empereur avec le roi de France Louis XI contre Charles le Téméraire pour assurer la paix de ses terres d’Empire. Cette alliance réunit outre les deux souverains, les archevêques électeurs de Mayence et de Trèves ainsi que le margrave de Brandebourg. En cas d’attaque du duc de Bourgogne dans la principauté lorraine, le duc recevra l’aide financière et militaire de ses nouveaux alliés mais en contrepartie en cas d’agression bourguignonne sur d’autres terres d’empire, René II devra fournir aide et subsides ; il ne pourra être signé ni trêve ni paix séparée sans sa participation11. Cette alliance de circonstances ne saurait suffire dans la mesure où elle ne constitue pas un bouclier suffisant, pour les vicissitudes ultérieures.

10Dans les faits, à l’échelon local, les troubles dus aux « gens de guerre » et à leurs déplacements, le plus souvent attribués aux bourguignons ou « aventuriers bourguignons », perpétuent l’inquiétude et les difficultés, des années durant. Les habitants de Norroy-le-Veneur12 craignant que la proximité de la prévôté luxembourgeoise de Thionville ne présente pour eux des dangers vitaux, du fait du passage de soldats du duc de Bourgogne et d’Autriche, se mettent sous la protection de ce dernier qui leur apporte la garantie de sauvegarde le 18 septembre 1477, en interdisant à tous les gens d’armes de ses compagnies de porter préjudice aux ressortissants de la localité. La sauvegarde est renouvelée par le lieutenant de Maximilien au duché de Luxembourg Philippe de Croÿ, le 30 septembre 1479 ; dans l’intervalle les habitants ont dressé la liste des méfaits des « Bourgonons » en la ville : en deux « apatis » on leur a prélevé 520 florins et 100 francs en monnaie de Metz sans compter quelques prélèvements individuels ultérieurs, plusieurs dizaines de bêtes à cornes et plus de 100 porcs, 4 hommes et un cheval menés contre leur gré à Mercy-le-Château13. La prévôté de Briey dresse également un mémoire des maux, dommages et insolences perpétrés par « les gens de guerre bourguignons étant au duché de Luxembourg de 1478 à l’été 1480, à Briey, sur un chemin menant à Sainte-Marie-aux-Chènes, à Saint-Privat, à Avril, à Rombas etc ». Elle en attribue la responsabilité aux membres des garnisons bourguignonnes voisines, mais aussi Robert de La Marck seigneur de Sedan14. Ces plaintes s’estompent avec le temps dans la comptabilité15 .

11Maximilien devenu duc de Bourgogne par son mariage avec Marie, fille et héritière de Charles le Téméraire, occupe une position peu confortable. En effet, il succède à l’ennemi de ses voisins en général et de son père en particulier et l’Empereur n’apprécie pas toujours la politique de son fils16, tandis que le roi de France semble ne penser qu’à la guerre, pour acquérir autant de territoires jusque-là bourguignons, que faire se peut. Or ce dernier a cédé, en juin 1478, ses droits sur le duché de Luxembourg et sur le comté de Bourgogne à René II, priant ses officiers de justice sur place de le mettre en saisine des principautés en question que tient toujours le duc de Bourgogne17. Maximilien, quant à lui, est à court de moyens, alors que la guerre menace en Flandre et que la révolte couve en Gueldre18. Il ne souhaite donc pas ouvrir de nouveaux fronts. Aussi va-t-il signer le traité de Zürich en janvier 1480, pour régler le sort de la Comté de Bourgogne. Puis, de concert avec son épouse, après diverses démarches diplomatiques, il déclare le 16 septembre 1478, avoir renoncé aux guerres et débats de leurs prédécesseurs, avec son cousin Sigismond archiduc d’Autriche, le duc de Lorraine, les évêques de Strasbourg et de Bâle et les cantons suisses ; il veut ainsi assurer la paix avec les anciens ennemis de Charles le Téméraire dans la partie méridionale de ses États19.

B) Une relation privilégiée avec Philippe électeur et comte Palatin

12À travers ces vicissitudes, tout au long du siècle, les alliances conclues entre le comte palatin et les princes Angevins maintiennent des relations de bon voisinage, sans exclure pour autant des problèmes frontaliers. Ces relations séculaires ont été renforcées par deux mariages : celui du duc de Lorraine Charles II avec Marguerite fille du comte palatin Ruprecht le jeune en 139320 et celui de Marguerite de Savoie veuve de Louis III d’Anjou, frère de René d’Anjou décédé très jeune de la malaria, avec Louis IV électeur palatin. Philippe Ier à son tour électeur palatin, est né de cette union. Ainsi s’explique que ce dernier et René II se qualifient mutuellement de « cher cousin » dans leur correspondance21. En 1446, Jean de Calabre au nom de son père René d’Anjou et le Comte palatin du Rhin Louis, désirant maintenir en paix leurs pays et les hommes qui en relèvent concluent une alliance de paix et d’entraide loyale renouvelée en 145322. Ils s’engagent à n’avoir l’un contre l’autre ni guerre ni inimitié. Cette entente s’étend à la fourniture d’une aide militaire et financière dont le montant n’est pas précisé et qui a effectivement fonctionné sous le règne du duc de Lorraine Nicolas23, car elle fut renouvelée24. Plus tard, en 1490, lors de la guerre dite de Metz, avant de chercher l’appui de Maximilien en lui donnant sa version expurgée des faits, René II conclut avec Philippe comte Palatin un traité d’alliance défensive impliquant l’aide portée à celui des deux qui serait attaqué. Dans l’intervalle, des relations diplomatiques, politiques et économiques se nouent d’une génération à l’autre. Philippe Ier l’Ingénu (der Aufrichtige) devenu comte palatin en 1476, régna jusqu’en 1508 comme René II, ce qui favorisa une longue amitié de voisinage respectueux entre ces deux opposants aux réformes de Maximilien et aux exigences financières, judiciaires et militaires à leur égard qu’elles comportent25. Sans doute ont-ils rapidement renouvelé l’alliance traditionnelle entre leurs deux principautés26 car elle était liée à la personne des signataires. En tout cas, les deux princes s’allient fort opportunément pour le duc de Lorraine probable initiateur de cet acte, en pleine guerre de Metz, par un traité d’amitié et d’entraide27, qui ne s’est apparemment pas concrétisé cette année-là, sur le plan militaire.

13Toujours est-il que c’est l’alliance la plus féconde et la plus durable que les sources permettent d’observer du côté lorrain ; elle est de temps en temps émaillée de conflits de frontières et de droits, en raison de l’imbrication des domaines et des fiefs respectifs et de questions humaines diverses. Nombre de nobles détiennent des fiefs de part et d’autre des frontières où les règles juridiques, en matière successorale notamment divergent. René II se montre en général plutôt sourcilleux dans la défense de ses intérêts. Par exemple, Bernard comte d’Eberstein, conseiller et vassal de Philippe comte palatin, ayant hérité de son cousin Arnould de Fénétrange décédé, la seigneurie de Fénétrange, demande en vain satisfaction à René II qui refuse de lui reconnaître cet héritage. Il a beau rappeler la supplication du comte palatin intervenu en sa faveur, les soutiens respectifs de l’archevêque de Trèves, de l’évêque de Strasbourg, celui de Christophe marquis de Bade et de Guillaume seigneur de Rappolstein, le duc de Lorraine obtient la tenue d’une journée à Saverne pour examiner la question de plus près28. Autre exemple, le droit de chasse dans un bois appartenant à Lutzelbourg fait l’objet d’un conflit entre le comte palatin qui revendique le bois et déclare que nul ne doit y chasser hormis lui-même et refuse de rendre les harnais et cordes mais concède que les prisonniers pris en gage de part et d’autre soient délivrés ; le duc résiste d’autant qu’un de ses officiers seigneur en partie de Lutzelbourg, déclare que le bois relève du fief lorrain de la seigneurie de Fénétrange et réclame le harnais. Le comte palatin répond en se gaussant du duc mal informé. René II inquiet de cette réponse craint que l’affaire ne s’envenime, « la chose pourrait tomber en révolte » écrit-il. Aussi est-il d’avis de répondre bien « gracieusement » au comte palatin et de proposer une journée de conciliation que ce dernier accepte. Ce sont les instructions aux députés lorrains à cette journée qui éclairent l’affaire dont on ignore le dénouement ultérieur. Le duc, sur foi de ses archives, sait que les lieux incriminés ont appartenu jadis à l’évêque de Metz qui en raison de difficultés en a partagé la souveraineté avec le duc de Lorraine qui ne veut pas renoncer à ses droits princiers dont relève la chasse dans les bois, quels que soient les biens acquis par le comte palatin en ces contrées29.

14De tels conflits n’assombrissent pas les relations entre les deux hommes. Une amitié sincère semble les animer à en juger par une lettre de René II à Ferry de Helmstat dans laquelle le comte palatin convie le duc de Lorraine à venir le rejoindre à la Petite Pierre le 22 septembre 1499 « pour faire la bonne chair ». Or, René II ne peut s’y rendre car on attend à Bar la venue de son beau-frère Charles de Gueldre ; la reine de Sicile serait mécontente que son mari s’absente en ces circonstances pour un festin, d’autant que son frère est en difficultés ! Mais le duc déclare que ce n’est que partie remise, que si le comte palatin a grand vouloir de le voir, encore le désire-t-il lui-même beaucoup plus et que, sitôt passé Charles de Gueldre qui s’en va en France, il prendra la route et se réjouit déjà chaque jour de la bonne chair qu’ils feront ensemble. Mais craignant que le comte palatin ne s’offusque ou imagine que son ami le fuit et retarde volontairement sa visite, il lui envoie Ferry de Helmstat pour le rassurer sur ses intentions. Cette lettre est unique en son genre parmi les centaines de courriers de René II, y compris les lettres à son épouse, qui ont été conservés. On y observe à la fois la joie que procure à René II l’invitation de son ami et un souci particulier de ne pas le peiner, au cas où il interprèterait mal le délai de René II à aller le rejoindre. Les relations amicales entre ces deux hommes sont également ponctuées par l’envoi de cadeaux, chevaux ou harnais d’armes par exemple30.

15Ferry de Helmstat est devenu conseiller du duc René II auprès de qui il exerce sa compétence dans l’administration des affaires du bailliage d’Allemagne et dont il reçoit une pension31. Mais il appartient à une famille noble depuis longtemps au service des électeurs palatins et qui a donné à l’Église quantité de hauts dignitaires. Le comte le qualifie dans une lettre envoyée à René II de « unser lieber getruiver Friderich von Helmstat »32. Même si le comte Palatin parle le Français, René II lui envoie de préférence des officiers germanophones soit en ambassade, soit à des journées de conciliation en cas de conflits. Un autre conseiller de René II, Colin de Haranges, receveur de l’aide dans le bailliage d’Allemagne, fait ainsi nombre de voyages33 surtout dans les années 1470. Quand la situation l’exige, à la fin des années 1480 notamment, on envoie le maréchal de Lorraine, Jean comte de Salm et le maréchal du comte palatin vient aussi en Lorraine, sans que les sources précisent le contenu de leur mission34.

16Les deux princes échangent des demandes de soutien militaire35 et diplomatiques36, parfois des renseignements sur la situation internationale, lorsque des conflits menacent. Le comte Palatin se trouve aussi parmi les premiers princes voisins à proposer un arbitrage dans le conflit du duc avec la ville de Metz37. Cette relation prend en compte les liens de l’électeur palatin avec le roi de France dont il est proche, au point d’en obtenir une pension38. La génération suivante souhaite visiblement perpétuer l’entente établie solidement : lorsque Maximilien ayant mis Ruprecht duc de Bavière au ban de l’Empire, interdit par lettre du 31 mars 1504, à René II de le soutenir, le futur comte palatin Louis V « était déjà venu par deçà » avertir le duc à ce sujet39. Quatre ans plus tard, au décès de son père en 1508, René II s’empresse d’envoyer à Louis V, une ambassade pour le féliciter de son accession au trône40.

C) Une diplomatie active pour la protection des duchés

17Avec l’installation de Maximilien à la tête de la Bourgogne, René II se trouve à nouveau dans une situation médiane difficile. Les désordres locaux évoqués plus haut sont utilisés par Maximilien. Dès le 8 mai 1478, il se plaint au duc de Lorraine : ses sujets favorisaient les Français, ses ennemis se rendraient coupables de courses et désordres dans le duché de Luxembourg. En réponse, le duc de Lorraine évoque les atteintes au traité de Zürich perpétrées par le gouverneur de Luxembourg et par ses officiers41. Tous les coups possibles sont utilisés : en février 1478, Maximilien a nommé Wautrin de Bayon receveur des finances du duché de Luxembourg42. Or c’est un ancien receveur général des finances de Lorraine, emprisonné et condamné pour malversations, auquel le duc avait restitué puis à nouveau confisqué ses biens en 147743. Par mesure de rétorsion, semble-t-il, Wautrin de Bayon, fait saisir les fiefs luxembourgeois du conseiller et maître d’hôtel de René II, Jacques de Doncourt ; le duc réplique en ordonnant la saisie de toutes les terres et seigneuries des bailliages de Nancy et d’Allemagne tenues par des sujets du duché de Luxembourg44. Sans doute la mesure fut-elle efficace, car on ne trouve pas trace de ses suites dans les sources.

18Dans le souci de renforcer la paix après la mort de son grand-père duc de Bar, René d’Anjou, René II envoie à Sigismond archiduc d’Autriche son maréchal de Lorraine Oswald, comte de Thierstein, à la fin de 1480, pour lui demander de négocier avec son cousin Maximilien l’établissement des conditions nécessaires à la signature d’un pacte entre lui d’une part, le duc de Lorraine, Sigismond d’Autriche et leurs alliés de l’Empire, d’autre part45. Il veut renforcer les conditions favorables au maintien de la paix dans la région. Oswald de Thierstein, époux d’une Nassau-Dillenburg et conseiller de Charles le Téméraire en 1473, puis bailli de Sigismond d’Autriche en Alsace, à partir de 1480, connait bien les hommes et les pays de la vallée du Rhin de la Suisse au nord de l’Alsace où il détient un fief46. Il sert depuis la fin des années 1460 au plus tard, les ducs de Lorraine47. Dès 1477, il apparaît comme maréchal du duc René II pour le compte duquel il effectue diverses missions48. Le cumul de ces offices des années durant, montre que des relations de confiance se sont établies entre le duc d’Autriche Sigismond et René II. Le maréchal, considéré comme un habile politicien, s’est beaucoup impliqué dans la conduite de ces négociations : il a entrepris plusieurs voyages « es Allemagnes » dès l’année précédente et participé à une journée à Zürich le 9 avril 1480, puis reçu en mai et juin 1480, les ambassadeurs des Suisses et de la ligue mandés par Yolande d’Anjou la mère de René II, pour évoquer « certaines grandes affaires »49.

19À cette époque, les vainqueurs de Charles le Téméraire, alliés des Suisses, sont soucieux avec ces derniers de maintenir les liens entre les membres de la ligue constituée contre lui. Ils font face ensemble aux menaces de troubles dans la région sise entre Bâle et Strasbourg et tentent de régler pacifiquement les querelles. Ils tiennent à cette fin diverses journées à Sélestat, le 10 décembre 148150, à Bâle en février 148251 et à Colmar en juillet 148252. René II tient à cette alliance ayant par ailleurs suffisamment de fronts à défendre : il fait, entre autres, état en 1482, d’attaques contre Pont-à-Mousson et Bouconville, sans donner de précisions53.

20Maximilien, affaibli par le décès de son épouse Marie de Bourgogne et confronté à la pression des États de Flandre et de la guerre française en Artois et en Franche-Comté, a consenti au traité d’Arras signé avec Louis XI, le 23 décembre 1482. Rapidement mécontent, il se tourne, sitôt informé du décès du roi de France, survenu le 30 août 1483, vers la Lorraine. Les archives ont gardé les traces d’une ambassade de Claude de Neuchâtel seigneur du Fay, gouverneur de Luxembourg, dépêchée vers le bailli ducal d’Allemagne, offrant à René II une alliance, dans l’espoir de revenir par ce moyen sur le traité conclu avec la France.

21L’objectif avoué est de conserver le traité et de maintenir le projet de mariage de Marguerite d’Autriche avec le futur Charles VIII mais de remettre la main, si possible pacifiquement, sur la dot de cette dernière considérée comme exorbitante et prématurée, d’autant que Louis XI y a fait démolir certaines forteresses et s’y est rendu coupable de violences indues. Sachant que le duc de Lorraine a subi également des violences de la part du roi de France et n’a pas recouvré le comté de Provence ni le Barrois Mouvant, Maximilien estime que les deux princes ont intérêt à s’allier : une protestation commune a plus de chance d’aboutir que des actions séparées54. Les archives lorraines conservées ne portent pas trace de cette démarche, de l’accueil des ambassadeurs, des réponses et suites éventuelles. Il ne subsiste pas non plus d’indications relatives à une ambassade connue exclusivement par les instructions données au même Claude du Fay, à cette époque. L’idée qui semble émaner du chancelier de Bourgogne Jean Carondelet55 était de marier Maximilien, alors veuf de Marie de Bourgogne, avec Yolande de Lorraine, sœur célibataire de René II. Ce dernier, séparé à cette époque de son épouse Jeanne d’Harcourt, n’avait pas contracté de nouvelle union et demeurait sans descendance. Si le duc ne répond pas favorablement à ces propositions, l’ambassadeur bourguignon est prié de s’enquérir des offres lorraines en ces termes : « quelle chose René II voudrait présentement donner à mariage à ma dite damoiselle sa sœur et quelle place il lui voudrait faire pour la succession du royaume de Sicile et des duchés et comtés qu’il tient, au cas qu’il aille de vie à trépas sans hoirs de son corps56 ». René II qui avait une première fois promis d’envoyer le comte Oswald de Thierstein, maréchal de Lorraine, porter sa réponse, sans en rien faire, n’a probablement pas davantage répondu à cette requête plus précise. Le duc de Lorraine ne souhaite rien abandonner ses États à une puissance voisine. Séparé de sa première épouse, il contractera une seconde union avec Philippe sœur du duc de Gueldre et fille d’une princesse de Bourbon qu’il a rencontrée à la cour de France, dans les deux ans qui suivent57. Pour lors, souhaitant obstinément récupérer le Barrois Mouvant et la Provence, reconquérir le royaume de Naples, le tout sans guerre contre le roi de France, il ne souhaite pas à cette époque compliquer la situation par un engagement du côté de l’Empire.

22Sa coopération avec les princes de cette région se limite donc alors autant que faire se peut, à la lutte contre les guerres privées et leurs auteurs. Mais c’est semble-t-il à Maximilien que revient l’initiative de tenter de pacifier la région ; c’est sa chancellerie qui rédige l’acte d’alliance entre les deux princes, avec pour objectif de faire régner la paix et la libre circulation des hommes et des marchandises entre le duché de Luxembourg et les principautés de René II, avec constitution d’une assemblée de 7 représentants pour juger les infractions aux articles de paix. Cet acte est signé à Louvain, le 1er mai 148358. Il n’est pas suffisant pour faire face aux agressions de nobles tels que le comte Philippe de Virnebourg et le seigneur de Rodemack tous deux fauteurs de troubles sur la frontière entre duché de Luxembourg, duchés de Lorraine et de Bar et pays messin et alliés : le seigneur du Fay signe donc en outre, au nom de Maximilien, avec les représentants de René II et ceux des magistrats messins, un traité d’alliance et d’assistance mutuelle, contre le comte de Virneburg, le 18 mai 148359, avec abandon provisoire des querelles en cours et engagement à assiéger la place de Richemont jusqu’à sa prise. Le mois suivant, Rodemack est assiégé60. Il semble qu’il y ait eu une parfaite entente des récents alliés dans cette lutte qui les obligea à engager des forces militaires et virent les Messins se joindre à eux.

23René II, bien qu’engagé alors dans d’autres affaires extérieures à la région61, ou pour pouvoir s’y consacrer davantage, essaie de constituer un bouclier défensif sur ses frontières avec l’Empire, par des traités avec les princes, qui se multiplient à la fin des années 1480. Un projet signé de sa main, non daté, établit une alliance et confédération entre les électeurs de Mayence, Trèves et Cologne et les ducs de Lorraine et de Julliers. L’archevêque de Mayence, de son côté, souhaite savoir s’il peut compter sur la Lorraine, dans ses projets de réforme de l’Empire. Le rapprochement est donc souhaité des deux côtés. Les réunions préparatoires ont lieu à Coblence. Les évènements internationaux inquiètent les participants, à en croire le projet de préambule de cette alliance et confédération : « à la louange de Dieu tout puissant, pour le bien de nos princeries et que nous et nos sujets, en ces dangereux cours qui partout se préparent, puissions présentement et en l’avenir demeurer tant mieux et entretenir en tranquillité et en paix »62. Or, le 25 mai 1489, ont été signés non pas un mais trois traités séparés du duc de Lorraine avec ses partenaires, à l’exception de l’archevêque de Trèves apparemment non représenté à la réunion ; une alliance plus ample aurait échoué parce que le duc de Lorraine refusait de s’engager contre le roi de France 63. Les clauses impliquent une assistance du duc de Lorraine mais pas de réciprocité, semble-t-il. Une note séparée précise que la dite alliance ne peut l’entraîner contre le duc de Clèves, l’électeur de Saxe, le marquis de Brandebourg, le landgrave de Hesse, les suffragants de l’évêché de Cologne : Münster, Paderborn, Minden et Osnabrück et les villes de Cologne, contre lesquels l’archevêque de Cologne ne pourra l’obliger64 à intervenir militairement. L’archevêque de Trèves a-t-il finalement renoncé à signer une alliance avec le duc de Lorraine ? Le traité qu’ils ont signé en 1475, les engageait pour dix ans dans une alliance ayant pour objectif d’éviter les conflits 65. L’électeur de Trèves ne compte pas parmi les opposants déterminés à l’Empereur, à la différence des archevêques de Mayence et de Cologne. Ses relations avec René II ne sont pas chaleureuses, mais tous les conflits intervenus entre leurs principautés respectives sont réglés par des procédures juridiques ou judiciaires, certes parfois longues comme dans le cas de Merzig, mais toujours sur un mode pacifique66. Et quand la situation internationale s’aggrave à la fin de la décennie suivante, René II écrit à son épouse depuis la cour de France qu’il faut avertir le comte palatin et les archevêques de Cologne et de Trèves de contribuer à la paix, en facilitant l’accès des ambassadeurs du roi de France auprès du Roi des Romains, contrairement à ce qui a eu lieu à Worms ou ailleurs où apparemment ils n’ont pu transmettre les messages dont ils étaient chargés.

24Une solidarité régionale des princes se développe donc dans une époque où les guerres de Bourgogne ont laissé aux voisins meurtris, des blessures durables et une crainte persistante des conflits armés : le recours aussi systématique que possible à l’arbitrage de justice apparaît comme une caractéristique du règne de René II et de celui de tous les princes voisins qui souhaitent par ce moyen limiter les guerres privées et le banditisme développé dans les zones frontières qui sont susceptibles de dégénérer en conflits plus généralisés.

25Dans l’émiettement territorial des principautés de l’époque, le long des vallées de la Meuse et du Rhin qui sont animées par le grand commerce et l’échange de leurs propres richesses, des solidarités se développent donc, même si elles ne sont pas toutes sanctionnées par des traités de paix et d’alliance. Il n’en subsiste pas trace entre la Lorraine et le marquisat de Bade ou le comte puis duc de Würtemberg (il devient duc en 1495 au Reichstag de Worms), avec lesquels René II a cependant noué des relations : en 1491, un clerc du marquis de Bade est placé par le duc un an durant chez son secrétaire Didier Nicolas67. Ce dernier est ensuite davantage impliqué dans les actes de chancellerie de langue germanique68 et c’est lui qui accompagne Hugues des Hazards à la diète de Lindau en 149669.

II Les années 1490 : René II, l’Empereur et le Roi des Romains

26L’Empereur Frédéric III a finalement, après bien des hésitations, accepté l’idée que son fils lui succède et s’est dès lors efforcé de faire élire Maximilien Roi des Romains. Le couronnement de ce dernier a lieu le 16 février 1486 mais la menace hongroise, l’attaque française en Flandre, puis sa capture à Bruges le 5 février 1488, procurent au nouveau roi des débuts bien difficiles. Dans les années qui suivent les difficultés ne s’estompent guère, mais Maximilien prend de l’assurance et poursuit son objectif de réforme de l’Empire dont il veut renforcer la cohésion et les capacités financières pour mieux défendre la Chrétienté.

A) Les demandes d’aide militaire et financière à René II et les pressions exercées

27Ainsi, les sollicitations à l’égard de René II pour qu’il remplisse ses devoirs de prince d’Empire se font progressivement plus insistantes. Déjà en 1480, parvient au duc une demande de plusieurs grands électeurs et princes évoquant les alarmantes nouvelles du péril turc pour le peuple chrétien et l’Église : ils ont écouté un rapport à ce sujet au Reichstag de Nüremberg. Sa Majesté Impériale a demandé aide et conseil pour la défense de la foi et de la « nacion » et comme gouverneur de l’Église contre les incroyants. Souhaitant réunir pour cette lutte 15 000 hommes cavaliers et piétons, les princes demandent au duc de Lorraine, en raison de sa foi et en qualité de prince d’empire de payer sa participation et de venir au Reichstag70. Il semble que le duc se soit bien gardé de répondre à l’une comme à l’autre sollicitation : sa présence est attestée à Vézelise, Épinal et Nancy en novembre et décembre 1480 et en janvier 148171, les comptes conservés ne portent pas mention de dépenses en relation avec ces requêtes.

28Quelques mois plus tard, les commissaires de l’Empereur, toujours depuis la ville de Nüremberg, écrivent au duc de Lorraine pour lui demander la quote-part du secours que chaque État de l’Empire s’est obligé d’envoyer à l’empereur contre le roi de Hongrie. La missive précise que d’après les résultats de la dernière diète, le montant de l’aide du duc s’élève à 47 cavaliers et 46 piétons72. Est-ce à cette sollicitation que René II finit par répondre ? Toujours est-il que le seul paiement important de soldats au service de l’Empereur, relevé pour l’ensemble du règne a pu être effectué en 1487, car au début de l’année suivante René II veille au remboursement de la somme de 2000 francs monnaie de Bar qui lui a été avancée pour le paiement des compagnons allemands étant au service de l’Empereur73. Avant et après cette date, ne sont mentionnées que des sommes beaucoup plus faibles et ponctuelles74. Pourtant, c’est en février 1488 que Maximilien est retenu prisonnier à Bruges avec dix de ses conseillers, ce qui cause un grand émoi dans les chancelleries européennes et Frédéric III appelle alors les princes d’Empire à l’aide. Maximilien est libéré au bout de trois mois mais la guerre reprend pour des années et l’Empereur demande à nouveau l’envoi de contingents75. La participation du duc de Lorraine en cette circonstance, n’a pas abouti, malgré sa bonne volonté, à l’en croire lui-même. En effet, dans des instructions ultérieures, en matière d’excuses bien développées à l’intention du roi des Romains, il explique le périple de ses hommes d’armes lors de cette expédition : après avoir pris l’avis de ses États sur le service que réclamait l’Empereur, il envoya, pour montrer son bon vouloir précise-t-il, des gentilshommes et membres de la plus notable chevalerie qui arrivés à Notre-Dame d’Aix76, durent y séjourner plus d’un mois, à cause des troupes de Robert de La Marck seigneur de Sedan qui cherchaient à les détrousser et parce qu’ils ne purent obtenir le saufconduit nécessaire demandé notamment à Utrecht, jusqu’à ce que les hommes d’armes des princes s’en retournent. En outre, ils furent avertis que l’on disait au pays de Brabant que « si les Lorrains se trouvaient au pays, on les mettrait à mort et de ce ne les pourrait garantir ni l’Empereur ni le Roi, parce qu’ils avaient mis à mort leur prince, le duc Charles que Dieu pardonne »77. Rappelés par le duc en butte aux attaques de Robert de La Marck contre lequel il avait été « contraint mettre son artillerie aux champs », ils envoyèrent leur capitaine Philippe de Linange expliquer la situation à l’empereur qui les autorisa à rentrer en Lorraine, en les priant de laisser des piétons78. De retour à Notre-Dame d’Aix, Philippe de Linange fut informé d’une lettre de René II leur demandant « qu’ils retournent incontinent devers lui » du fait de leur impossibilité d’avancer et parce que le bruit courait au duché qu’un grand nombre de gens d’armes s’approchait de ses pays79.

29Peu après, éclate la guerre dite de Metz qui inverse la situation : elle a les caractéristiques d’une guerre privée opposant les Messins aux gens du duc de Lorraine ; les origines en sont notamment des vengeances de la guerre précédente du duc Nicolas en 147380. Deux lettres d’appel au secours des Messins datant respectivement des 23 et 25 février 1490 ont été interceptées sur le trajet par les gens du duc : pliées, endommagées par la pluie, elles se trouvent dans les archives ducales81. René II ne mentionne pas ces larcins quand il se plaint un mois plus tard à Maximilien des agissements des Messins et lui demande son aide contre eux, se disant en situation de légitime défense et indigné par les refus d’arbitrages des Messins82. Fin avril, les ambassadeurs du roi de France, Jean de Baudricourt gouverneur de Bourgogne et maître Jean Nicolas maître des requêtes de l’hôtel du roi tentent une médiation finalement refusée par les Messins83. Peu après, le duc envoie une ambassade auprès du roi de France Charles VIII et de la régente Anne de Beaujeu, pour laquelle on possède les instructions fournies : comme dans son courrier adressé à Maximilien, René II rejette la responsabilité du conflit sur les Messins et montre qu’ils sont du parti de feu Charles le Téméraire, crient « vive Bourgogne », portent la croix de Saint-André et font faire la guerre au duc par les hommes d’armes qui se trouvaient en Flandre, Brabant et Limbourg84. Si l’on peut reconstituer des listes de soldats, par exemple celle de ceux qui ont défié les Messins prenant le parti du duc plutôt que celle de leurs adversaires, il n’est pas possible de préciser la provenance précise des hommes des deux camps, mais parmi les 1327 hommes qui défient les Messins et se rangent au côté de René II, 874 le font dans des lettres en Français et 453 dans des lettres en langue germanique85. La contribution de ressortissants du bailliage d’Allemagne est donc bien plus que marginale, mais on ne peut préciser l’origine de la plupart des noms cités, certains n’étant mentionnés que par un surnom. Sans doute, y-a-t-il parmi eux, un certain nombre d’hommes de guerre « professionnels » toujours en quête d’un engagement et d’une solde et qui ne connaissent ni le duc ni le duché, mais il n’est pas possible d’en préciser le nombre et les secteurs géographiques dont ils proviennent. Il ne semble pas que Maximilien ait apporté un secours militaire aux Messins, en tout cas il ne soutient pas René II qui l’en a prié : dans sa réponse à la lettre du 22 mars lui demandant de prendre son parti, Maximilien répond à René II que s’il va lui prêter hommage pour ses fiefs d’empire, « il le soutiendra contre ceux de Metz »86. En fait, deux ans plus tard, les Messins lui ayant accordé un subside de 13 000 florins, à condition qu’il obtienne du duc de Lorraine la liberté de circulation pour les Messins et pour leurs marchandises à travers ses duchés, la libération de tous les prisonniers faits durant la guerre, l’exemption de tous impôts de l’empereur et du roi des Romains, tant des arrérages du passé que pour les deux années à venir etc., Maximilien promet de défendre les Messins87. Mais l’affaire traine jusqu’à l’obtention d’une lettre d’amnistie générale datée du 19 mai 149388, sans que rien n’y transparaisse des pressions sans doute exercées par Maximilien.

B) La réclamation de l’hommage que doit prêter René II

30Frédéric III n’a pas poursuivi le duc de Lorraine avec acharnement dès son avènement en 1473, pour qu’il prête l’hommage qu’il doit à l’Empire. Mais il devient plus ferme en 1485, peut-être à l’instigation de Maximilien. En effet, il rappelle au duc qu’il avait envoyé quelques années plus tôt, Nicolas comte de Moers et de Sarrewerden pour reprendre en son nom les droits régaliens qu’il tient en fief de l’Empire, ce qui ne peut lui être accordé, parce que l’Empereur veut qu’il vienne lui-même en personne faire les dites reprises, ce que le duc n’ayant pas encore fait jusqu’alors, il l’avertit gracieusement de son devoir. Il lui fait entendre que c’est un effet de sa bonté s’il a attendu si longtemps sans disposer des droits régaliens dont il doit l’investir, en faveur d’un autre. Il le menace en fin de lettre : s’il ne vient pas lui-même en personne, il les lui ôtera89.

31Cette lettre fait bien la distinction entre l’hommage dû par le prince pour les fiefs relevant de l’Empire et la délégation d’exercice de droits régaliens qui en découlent, laquelle ne peut cependant être obtenue avant que la reprise n’ait été effectuée. René II a tenté de s’acquitter de ce devoir par l’entremise d’un procureur, pour ne pas faire lui-même ce geste d’allégeance, ou, connaissant d’avance le refus de Frédéric III, il a tenté par cette proposition, de reculer davantage l’échéance de cette reprise qu’il souhaiterait éviter. Il répugne visiblement à se soumettre à cette injonction. René II espère probablement établir de meilleures relations avec Maximilien élu roi des Romains et qui se trouve aussi à la tête des États bourguignons qu’il administre au nom de son fils, Philippe le Beau. L’année suivante en 1486, craignant les foudres impériales, le duc prie ses ambassadeurs d’intervenir en sa faveur. Son excuse pour tarder à prêter hommage est qu’il a été averti que les nobles napolitains le réclament « comme leur naturel et droiturier seigneur »90 . Il envoie donc à sa place, son bailli d’Allemagne Philippe de Linange et son maréchal de Lorraine Oswald comte de Thierstein, pour faire des excuses. Ils en reviennent avec un traité d’alliance et d’accommodement, signé le 23 mai 1486, dont Maximilien soumet l’application à l’accomplissement du devoir de reprise par le duc dont il attend qu’il se comporte en prince obéissant du Saint-Empire et à l’aide contre le roi de Hongrie91. Deux ans plus tard, Philippe comte de Linange en qualité de procureur de René II doit prêter hommage et serment de fidélité au roi des Romains, comme les ancêtres du duc l’ont fait aux ancêtres et prédécesseurs de l’Empereur92 ; il ne propose toujours pas de démarche personnelle.

32Au printemps 1490, la question n’a pas avancé. Au duc de Lorraine qui l’appelle à l’aide contre la ville de Metz, Maximilien promet son soutien, à la condition que ce dernier prête hommage pour ses fiefs d’Empire.

33René II avertit peu après les régents de France des pressions exercées sur lui en la matière et leur fait déclarer par son ambassadeur Huyn Roynette, qu’il « est bien délibéré s’en conduire à leur avis en ce et en autres choses »93. Depuis 1473, il a donc réussi à atermoyer et montre ici à la France qu’il n’est pas entièrement dans sa main et occupe une position diplomatique difficile et qui plus est, il lui transfère la responsabilité de l’attitude à adopter, ce qui suppose que la France devra en accepter et supporter les conséquences diplomatiques et militaires en particulier94.

34René II sent alors que l’étau se resserre et qu’il ne peut éternellement différer l’hommage à l’Empire, mais il tente encore de le repousser. Il se fait disculper auprès de Maximilien à qui il soumet une proposition par l’ambassadeur envoyé au sujet de la « mise à rançon » du duc de Gueldre ; il prétend s’être présenté tant à l’Empereur son père qu’à lui-même pour lui « faire son devoir de reprise des fiefs qu’il tient de l’Empire » et comme l’Empereur a finalement commis son fils pour recevoir cette démarche, elle fut impossible au duc « pour les grandes affaires qui depuis sont survenues à l’un et à l’autre de se trouver devers lui… ». René II continue à s’excuser déclarant ses pays environnés de plusieurs parts d’hommes d’armes en grand nombre, ce qui lui interdit de s’absenter. Il le prie donc instamment d’accepter une reprise par procureur en exigeant que ce soit en un lieu « sûr et convenable », alors qu’il connait d’avance le refus qu’essuiera son ambassadeur en la matière. Il conclut par la réaffirmation de sa ferme volonté « d’être et demeurer bon et loyal prince de l’Empire et de faire son devoir ainsi que ses fiefs le requièrent»95.

35S’il agit de la sorte c’est que, de son côté, Charles VIII sait que le pacte anglo-austro-espagnol noué en 1489 et renouvelé l’année suivante, contre la France, n’est pas en voie de dissolution.

36L’aide du duc de Lorraine et de Bar, dans ces circonstances peut s’avérer précieuse : par instructions du 1er août 1491, le roi de France lui envoie son général des finances, Michel Gaillart et le bailli de Vitry en ambassade. Sous des dehors très déférents, les envoyés sont chargés d’exercer de fortes pressions sur le prince, de lui promettre garantie et sûreté en personne comme parent du roi mais aussi pour ses pays envers et contre tous à condition que René II s’engage de la même façon envers le roi de France, par son scellé « de le servir envers tous et contre tous ceulx qui pevent vivre et mourir ». Il ajoute deux paragraphes plus loin qu’il est question que le Roi des Romains, contre les traités, veuille entrer en Picardie, Bourgogne et Champagne et que le duc pourrait y avoir plus d’« intérêt » que quiconque après le roi et devrait mettre ses places et châteaux en défense, assembler 7 à 8000 combattants pour résister aux Allemands ou autres malveillants susceptibles d’entrer dans ses seigneuries et par conséquent dans certaines parties du royaume. Si ses gouverneurs en ont besoin, le roi prie le duc de Lorraine de mettre ses troupes ainsi réunies à son service96. Dans une telle situation le duc de Lorraine s’efforce de temporiser et de ne s’engager ni d’un côté ni de l’autre, afin d’échapper à toute attaque armée.

37Effectivement, le 2 septembre 1492, René II a obtenu de l’Empereur Frédéric III une prorogation d’un an du délai accordé pour l’investiture des « regalium et feodorum » de sa principauté dépendant en fief de lui et du Saint-Empire97. Mais c’est trois ans plus tard seulement qu’il se rend enfin à Worms pour remplir cette obligation et il semble qu’il ait encore tenté en février 1495, de se contenter d’envoyer une ambassade à l’assemblée98 ; il ne se vante pas au roi de France d’avoir dû consentir à une démarche personnelle99.

C) La prestation de l’hommage à Maximilien, à Worms, le 11 mai 1495

38Les longues tergiversations de René II pour se présenter et faire son devoir ne laissent pas augurer de sa part, un comportement docile quant à l’ordonnancement de cette cérémonie. Le 30 avril 1495, l’archevêque de Cologne vint au-devant de lui à l’extérieur de la ville puis Maximilien s’avança jusqu’à la Porte Saint-André, en compagnie des autres grands électeurs, des princes et des nobles venus participer au Reichstag. Quand ils se rencontrèrent, « le roi de Sicile sauta de son cheval et fit deux ou trois pas à pied en direction du roi ; alors le roi fit mine lui aussi de descendre de son cheval ; et là, le roi de Sicile l’attrapa et le remit en selle avant que le roi des Romains n’ait touché terre »100. Cet assaut d’humilité ne doit pas être interprété comme un acte de subordination mais plutôt comme une marque « de politesse entre pairs »101. En effet, ce rituel était habituellement observé par les électeurs dont René II n’est pas. De même, le duc de Lorraine chevauche ensuite entre les trois archevêques et le roi dont le côté est normalement occupé par un prince-électeur, selon le règlement protocolaire établi par la Bulle d’Or de 1358, pour les processions. Les assistants comprirent le caractère indocile voire subversif de l’attitude du roi de Sicile, que devait venir confirmer la cérémonie d’investiture.

39Le rituel de l’hommage ne se déroula pas immédiatement102 ; son organisation donna lieu à des tractations, voire des « altercations », qui en dessinèrent les caractéristiques originales. Le duc refusa en effet de reprendre ses principautés « uniment de l’Empire » comme les autres princes103.

40Contrairement à son grand-père, René d’Anjou, René II ne voulut pas prêter hommage pour l’ensemble du duché de Lorraine104, mais exigea de ne reprendre de l’empire que les fiefs dénommés dans les plus anciens actes de reprise qu’il avait apportés avec lui, en délaissant la formule de serment habituel des princes « laquelle estoit trop de plus grande obligation et expression »105.

41Il refusa aussi une cérémonie publique devant la cour impériale, les ambassadeurs, son propre héraut d’armes, à cheval etc. et demanda un acte « à part » et sans solennité, c’est-à-dire sans la cavalcade avec bannières habituellement pratiquée en tel cas. Sur tous ces points, il obtint gain de cause contre les impériaux, après amples discussions et disputes. Il fallut longtemps débattre et démontrer « la liberté des pays de Monseigneur, à savoir du duché de Lorraine »106. Ce n’est qu’après accord passé le jour même de la prestation, en la chancellerie par devant l’archevêque de Mayence, sur la formule du serment de fidélité que devait passer le duc de Lorraine et sur l’expédition des lettres de reprise que le duc se présenta pour faire son devoir.

42Ainsi donc, le 11 mai, René II comparut en l’hôtel impérial à Worms « au poelle en haut », « en lieu à part, sans solennité garder » et ce de grâce spéciale, devant le roi des Romains assis accompagné des archevêques de Cologne, Mayence et Trèves, des duc de Saxe et Marquis de Brandebourg et de plusieurs autres princes. Il fut pris sous les bras par deux des princes et mené devant Maximilien ; là, il s’agenouilla et, les mains sur les Saintes Évangiles, lut le serment de « sa » fidélité. Il jura à l’Empire au roi et à ses successeurs « fidelitatem, sujectionem et obedianciam » selon la teneur de ses lettres de fief, c’est-à-dire fidélité soumission et obéissance ou service.

43Après cette reprise, ajoute le témoin107, il fallut rémunérer plusieurs officiers du Roi des Romains, à savoir le maréchal pour le cheval sur lequel René II était monté pour aller à la cour, les chambellans pour sa robe, les valets de chambre, hérauts et autres pour le droit accoutumé, selon la taxation établie par messire de Wolkenstein maître d’hôtel et pour les écritures des secrétaires de la chancellerie, soit 700 florins en tout, bien que l’archevêque de Mayence ait renoncé à son droit !

44Il semble que par la suite les deux hommes soient allés à la chasse ensemble108. Mais surtout, d’autres affaires sont traitées auparavant et dans les jours qui suivent : les ambassadeurs vénitiens Contarini et Trevisiano rapportent à la Seigneurie qu’un envoyé présent à Worms du 5 au 7 mai à la cour impériale, a entendu le duc de Lorraine s’efforcer d’entrer dans la Sainte Ligue conclue le 31 mars précédent contre la France109, pour regagner la faveur de Maximilien et recouvrer le royaume de Sicile, l’Anjou et la Provence, alors que Charles VIII est entré victorieusement à Naples, le 22 février 1495. Le duc voulait aussi réconcilier Charles de Gueldre, le frère de son épouse, avec Maximilien puisqu’une trêve entre eux avait été conclue trois mois plus tôt110. Les envoyés du duc Georges de Bavière précisent sur ce dernier point, que le 13 mai, Maximilien a laissé ses propres conseillers présenter à la réunion des princes que Charles d’Egmont qui s’était proclamé duc de Gueldre assiégeait deux châteaux de Maximilien. Ils ont demandé de l’aide contre lui. Cependant, René de Lorraine, proche parent de Charles d’Egmont, cherchait à organiser un règlement amiable ou juridique de la question devant les princes. Le lendemain, Maximilien vint à leur réunion à propos du problème de l’attaque du roi de France en Italie, avec la volonté de soutenir le duc de Milan contre lui111.

45Après le Reichstag de Worms, Maximilien est apparemment satisfait d’avoir attiré René II à cette assemblée et d’en avoir obtenu un hommage de fidélité et de soumission, bien qu’il l’eut souhaité plus complet et le duc est soulagé d’avoir pu résister aux exigences impériales, mais ils n’ont pu se convaincre réciproquement, ni s’accorder sur les questions essentielles pour chacun. Or, le contexte général comporte quantité d’ombres au tableau. Dès les 20 et 21 mai, René II est de retour en Lorraine112 et divers conflits reprennent vite le dessus. Avec d’autres princes, il refuse de payer le « gemeine Pfennig », considéré comme « nouvelleté exorbitante et atteinte aux libertés »113. Le duc de Lorraine résiste donc, autant qu’il le peut aux marques d’autorité énoncées par Maximilien, pratique l’attentisme et négocie des solutions intermédiaires, quand il ne peut se soustraire à son autorité.

III Le difficile tournant du siècle

46La conjoncture générale s’aggrave bien davantage, à la fin des années 1490 : Maximilien rencontre non sans peine les ambassadeurs vénitiens de la Ligue à Vigevano en Lombardie, en septembre 1496. Marié depuis deux ans à Bianca Maria Sforza dont le père lui accorde de généreux subsides, il souhaite faire adopter sa politique anti-française en Italie et voir le duc de Lorraine se ranger à ses côtés dans cette lutte, considérant l’Italie comme sienne, il n’imagine pas que quelqu’un d’autre s’en empare114. Mais la diète refuse d’engager l’Empire dans cette lutte déraisonnable à ses yeux. Philippe le Beau de son côté, mieux nanti financièrement que son père, est retenu de le faire par ses conseillers. Après des opérations sans succès en 1496, Maximilien veut reprendre la lutte l’année suivante, mais ses alliés se dérobent.

47La position de René II entre les deux belligérants est inconfortable, surtout lorsque ceux-ci s’inquiètent de sa loyauté et de son service, chacun de leur côté et particulièrement l’Empire, car René II semble plus proche de la France. Lorsque Charles VIII a accordé à René II une pension annuelle de 24 000 livres tournois, les archives impériales en ont retenu la nouvelle115. Quand le duc de Lorraine séjourne longuement à la cour de France, l’Empereur manifeste son mécontentement et s’efforce d’amadouer le prince. Est-ce un gage de confiance que René II souhaite lui donner en négociant le mariage de sa sœur Yolande de Lorraine avec le Landgrave Guillaume II de Hesse, ami de Maximilien116 ; c’est bien possible, mais les sources manquent pour préciser les circonstances de cette alliance.

A) L’année de guerre 1498 en Bassigny

48Le bailliage du Bassigny confine à la Franche-Comté et au duché de Bourgogne. Les possessions ducales y sont assez clairsemées et les passages de gens de guerres et aventuriers très fréquents à en croire les sources comptables. Dès 1495, René II fait mettre en défense Châtillon-sur-Saône117. Trois ans plus tard, le duc de Lorraine est fort préoccupé par l’état de guerre latente entre l’Empire et le royaume de France ; il a offert ses bons offices pour travailler à la paix entre les deux souverains118.

49La mort de Charles VIII, le 27 avril 1498119, et l’avènement de Louis XII qui se fait rapidement prêter serment de fidélité par le duché de Bourgogne, provoquent la réaction du Roi des Romains. Le 20 juillet, il entre en Bourgogne avec 20 000 hommes et remonte vers le nord, prend Bourbonne et Coiffy et pille la région pendant 10 jours : les troupes mal rémunérées vivent sur le pays sans scrupules et s’adonnent à des débordements et des violences120. Le 25 juillet, Philippe de Gueldre demande au conseil de Lorraine d’envoyer des nobles lorrains pour garder les places du Bassigny121. En effet, ce même jour, le bailli de Bassigny lui écrit que 6000 hommes sont logés près de Chatillon d’où ils ne délogeront pas avant deux ou trois jours « ce qui signifie la totale destruction des villages concernés122 ». En fait, il semble que Nicolas Colard d’Anglure, en conflit avec le duc à propos de l’avouerie d’Épinal et soutenu par Maximilien123, devant la résistance de René II, ait fait œuvre de vengeance et de pression en causant d’importants dommages à Lamarche et à Chatillon-sur-Saône124. Mais il n’était pas seul : Gœtz von Berlichingen, des décennies plus tard, garde le souvenir des razzias perpétrées là-bas, à même époque. Or, la population est particulièrement fragile et précieuse en ces zones frontalières. Elle défend le territoire ducal dont la prospérité est assurée par sa présence et ses activités.

50Dans les duchés, la correspondance entre la duchesse séjournant à Bar-le-Duc125 et le bailli du Bassigny s’intensifie dès lors. La princesse manifeste une vive inquiétude et désire d’abord être informée le plus précisément possible, du nombre et du mouvement des troupes : il faut savoir où se trouvent les gens de guerre, en quel nombre et quelle route ils prévoient de suivre, pour évaluer l’importance du danger et prendre les mesures de protection nécessaires.

51Le bailli ducal du Bassigny, Jean de Sérocourt, seigneur de Belmont et de Romain-sur-Meuse, est donc en alerte et coordonne le cheminement de l’information entre la duchesse (et le duc quand il est rentré de la cour de France), les officiers locaux et Claude d’Arberg, seigneur de Valangin susceptible de prendre la direction d’opérations militaires si nécessaire126. La comptabilité des prévôtés du Bassigny, situées à la frontière avec la comté de Bourgogne se fait l’écho des évènements : on voit les messagers partir « pour savoir la vérité des dits aventuriers et où ils voulaient tirer ». À la recherche des troupes impériales, ils rapportent à Lamarche ou à Chatillon-sur-Saône les résultats de leurs chevauchées en direction de Jussey et des ports de la Saône notamment. Ils ne peuvent dénombrer précisément les troupes mais rapportent la durée probable de leur séjour, la ou les directions qu’ils vont sans doute prendre. Maximilien, lorsqu’il envoie des troupes en Bourgogne en juin, donne ordre aux commandants de ses troupes à cheval et à pieds de se conduire avec égards sur les terres du roi de Sicile, apparemment en vain. En effet, René II ayant averti Maximilien des dégâts et dommages subis par ce pays du fait des gens de guerre de l’armée impériale, ce dernier écrit à nouveau le 8 août, en s’adressant au seigneur de Vergy, son maréchal de Bourgogne, au comte de Thierstein, capitaine général et au conseil de Bourgogne, qu’il ne faut pas les laisser courir, piller ou prendre quoi que ce soit sans le payer, car son intention n’a jamais été de susciter de tels dommages127. Début août, une trêve est conclue par lassitude128. Maximilien souhaite alors régler la question de la Gueldre, mais il échoue face à Charles d’Egmont qui prépare sa vengeance avec le soutien de Louis XII.

52Fin août, Louis XII rompt la trêve, ses troupes reprennent les conquêtes de l’adversaire et maltraitent la Franche-Comté. Maximilien réplique et repousse les Français jusqu’à la Saône. Le 21 septembre, Philibert de Mandres prévôt de Lamarche, « arrive tout battant de vers le Roi des Romains, certifie l’avoir vu, qu’il est logé à Faverney avec le duc de Saxe et qu’il a vu le dit Roi des Romains faire sa dévotion en l’église et qu’il avait une paire de chausses l’une blanche et l’autre noire ». Mais, ajoute le prévôt, on ne sait quel train il va prendre129. Finalement, Maximilien poursuit une partie des troupes françaises jusqu’à Toul.

53Sans doute faut-il dater de ce moment un certain nombre de lettres du duc rentrant de Paris à Bar-le-Duc. Depuis Vitry, il écrit le 16 septembre à son conseil de Lorraine que le Roi des Romains se montre impatient de le savoir rentré et demande à être informé de son retour. Maximilien prend en effet ombrage de la multiplication et de la durée des séjours du duc de Lorraine à la cour de France ; René II demande donc à son conseil de faire avertir Maximilien d’Autriche par son procureur auprès de lui, le docteur Jacques Merswin, qu’il est de retour dans ses « pays »130.

54Dans la semaine qui suit, il écrit à son conseil à Nancy , lui expliquant qu’il a installé deux « postes » pour être plus rapidement informé des nouvelles et leur demande de s’enquérir du « train » que veut tenir le Roi des Romains131. Ce dernier lui a écrit la veille, de Villersexel (entre Vesoul et Belfort) qu’il a été averti du retour de René II à Bar « dont sommes bien joyeulx actendu le temps qui a courru et le lieu où vous avez esté ». Il lui envoie de ses nouvelles par ses conseillers qui partent pour Bar-le-Duc et le prie donc d’y rester. Il ajoute dans sa lettre, visiblement pour l’amadouer, qu’il a fait apporter des oiseaux, parce que le duc de Lorraine, quand il est venu à Worms, a désiré les voir voler132.

55Ce dernier se rend à Metz le 26 septembre, pendant que les seigneurs de Vergy et de Baudricourt se font face sans combat, sur les rives de la Saône133. Les sources ducales lorraines sont peu bavardes à propos de ce séjour du Roi des Romains et de l’itinéraire de ses troupes134. On a cependant conservé une lettre de Maximilien écrite à Metz le 2 octobre : ayant appris que certains de ses hommes de guerre traversent quotidiennement les pays de son cousin le Roi de Sicile et y traitent les pèlerins se rendant à Saint-Nicolas-de-Port comme des prisonniers de guerre, il leur défend de continuer ces abus inacceptables pour des Chrétiens135. La guerre touche donc des contrées très proches des terres ducales et la surveillance des troupes exige une grande vigilance, pour limiter l’impact de leur séjour et éviter que d’inévitables incidents dégénèrent en conflits plus larges dont les duchés ne pourraient assumer aisément et sans dommages, les conséquences.

B) Échec de la médiation des ducs de Saxe et de Lorraine entre l’Empire et la France

56Les offres de médiation conjointe de René II et de Frédéric de Saxe, entre les deux belligérants prennent corps en cette circonstance. Le 28 octobre 1498, Frédéric de Saxe écrit à Louis XII qu’il s’efforce avec René II de définir les conditions d’un cessez-le-feu qui pourrait intervenir le 8 novembre. Il lui demande donc d’envoyer ses ambassadeurs à cette date à Namur pour mettre au point, grâce aux deux délégations de plénipotentiaires, le texte définitif et préparer la signature des deux souverains puis ultérieurement un traité, afin de pouvoir ensuite entreprendre une importante expédition contre les Infidèles. Une des préoccupations essentielles de Maximilien est en effet de conjurer le péril turc, sans pour autant renoncer à se faire, au passage, couronner Empereur par le pape à Rome136. La trêve a été signée, mais pour les pourparlers de paix, à la première réunion prévue, toujours à Namur, le 9 novembre, personne ne s’est présenté du côté de Maximilien : si ce dernier veut une autre fois des pourparlers de paix, Louis XII écrit à René II, qu’il faudra qu’il choisisse un lieu moins ambigu et suspect que Namur. On est en effet en pays de Brabant où la fidélité à la mémoire de Charles le Téméraire demeure particulièrement vive137. Les pourparlers s’avèrent laborieux.

57Début janvier 1499, René II écrit au duc de Saxe regrettant que ses efforts demeurent vains, mais espère, dit-il, aboutir et part pour œuvrer en ce sens, auprès du roi de France138. Bientôt d’autres conflits prennent le dessus : à la fin du mois, une querelle relative à l’avouerie d’un couvent du Tyrol déclenche de tels échanges d’injures et d’invectives que malgré la tentative de médiation de l’évêque de Coire, les Suisses qui ont obtenu le soutien de la France, s’en prennent aux Souabes secondés par les Autrichiens et les battent à plate couture, le 20 février139. Un mois plus tard, les Suisses font à nouveau la preuve de leur supériorité : ils battent près de Bâle, des Souabes trois fois plus nombreux et s’emparent de leur artillerie.

58Vers le 20 avril, le duc de Lorraine séjournant à la cour de France de mars à juin 1499140 suscite l’offre par la France alors en trêve avec l’Empire d’une médiation entre Maximilien, l’Empire et les Suisses. Cette idée est celle du fidèle secrétaire de René II Johannès Lud de Pfaffenhoffen et du bailli de Saint-Mihiel : transmise aux conseillers du roi de France alors installé aux Montils-sous-Blois, elle rencontre un écho favorable. Tous ses conseillers trouvant l’idée excellente, Louis XII envoie de suite une ambassade à Maximilien pour lui proposer ses services et fait demander aux Suisses si cette procédure leur conviendrait. Le duc de Lorraine demande alors à son épouse le 23 avril, de faire prévenir et intervenir le Comte électeur Palatin et les archevêques de Cologne et de Trèves, afin que les ambassadeurs du roi de France puissent accéder au Roi des Romains et ne soient pas éconduits comme ce fut le cas précédemment à Worms et ailleurs. Le pape, à la requête du roi de France qui tient beaucoup à cette paix, déclare le duc, devrait également envoyer une ambassade auprès de Maximilien pour le convaincre d’aller dans cette voie141. Le nombre de courriers échangés à ce propos dans un court laps de temps montre une certaine fébrilité de la part du duc de Lorraine, ravi de jouer un rôle dans cette affaire et soucieux de se mettre en valeur.

59Maximilien dut encore essuyer de durs échecs de stratégie et ses armées de sanglantes défaites avant de comprendre que la victoire n’était pas accessible face à des troupes mieux entrainées, coordonnées et dirigées. Il n’accepta que le 13 août que des négociations soient entamées, mais ni par la France ni par la Lorraine ; ce sont les Souabes qui s’en sont chargés et la paix est signée le 22 septembre à Bâle. La Confédération suisse est désormais reconnue par le Saint-Empire, mais il faut immédiatement penser à une campagne italienne contre Louis XII. René II songe aussi à l’Italie ; il prépare en secret une expédition qui n’aboutira pas. Le légat Leonello Chieregati rapporte fin août, au pape Alexandre VI, qu’il a entendu dire que Maximilien espère regagner le duché de Bourgogne sur les Français, grâce à sa supériorité en Italie et qu’on prétend que le duc de Lorraine prépare une guerre contre Metz, à l’instigation du roi de France, pour gêner Maximilien dans ses entreprises italiennes142. Mais ce dernier échoua en Italie sans intervention indirecte du duc de Lorraine et ne put soutenir efficacement Ludovic Sforza contre les Français.

C) Les questions épiscopales

60Les prébendes ecclésiastiques sont à cette époque, entre autres, l’enjeu de rivalités et de pressions politiques fortes entre la papauté, les communautés religieuses impliquées et les puissances politiques qui s’estiment concernées. Le duc de Lorraine ne manque pas de nommer aux prébendes qui relèvent de ses duchés, jusque dans les diocèses de Trèves ou de Cologne par exemple ; il procède aussi à des investitures laïques dans les abbayes de fondation royale143. Au début du règne de René II, les sièges épiscopaux lorrains sont aux mains de familles engagées au côté de la Bourgogne : Neuchâtel à Toul, Bade à Metz et Haraucourt à Verdun. À la fin de son règne, la situation est inversée : les trois évêchés sont pourvus de titulaires dévoués ou même apparentés au duc de Lorraine144. Ce sont des diocèses d’Empire assortis de temporels non négligeables et de droits régaliens consentis depuis des siècles par l’Empereur. Dans l’état de l’Église impériale à cette époque, en raison aussi de l’évolution de ses rapports avec la Bourgogne et face à la difficulté de convaincre la papauté des objectifs de sa politique, Maximilien intervient peu tant que les évêques « pro-bourguignons » sont en place, surtout préoccupé de faire participer au denier commun les villes épiscopales lorraines qui sont les grandes cités de la région, entités impériales les plus faciles à convaincre de le soutenir. À deux occasions cependant, les sources indiquent son intervention dans le choix d’un évêque.

61Le 11 juillet 1495 à Worms, Maximilien roi des Romains, averti de la vacance du siège de Toul par le décès d’Antoine de Neuchâtel et de l’élection d’Olry de Blâmont par le chapitre, approuve ce choix, donne mandement à René II de veiller à son application et lui précise que le diocèse étant compris dans le concordat de la nation germanique, le pape ne peut en disposer à sa volonté145. Il déclare que l’église de Toul a plus que les autres églises de « l’Empire et nacion germanicque » besoin d’être conservée dans son droit, « à cause de sa situacion et des appetis et factions des voisins »146 ; elle est en effet, située sur la frontière du royaume de France. Le duc est prié de s’efforcer d’obtenir la ratification de l’élection par Alexandre VI. Or, ce dernier souhaite pourvoir de ce siège son secrétaire aragonais Jean Marradès. Chacune des parties campe sur ses positions et, début 1496, la question n’est pas réglée. Finalement, un compromis est négocié : il y aura deux co-évêques, Blâmont à Toul et Marradès à Rome préparant l’entrée de l’église de Toul dans le concordat germanique147.

62Peu après, une nouvelle question surgit. Il convient de pourvoir d’un évêché de plus, Raymond Péraud, dignitaire ecclésiastique d’origine française, légat du pape dans l’Empire germanique148, qui dispose de peu de ressources en raison de sa générosité et de son manque de fortune personnelle. Ses relations avec Maximilien ne sont pas toujours marquées par un esprit de confiance mutuelle : l’ecclésiastique a rapidement compris la volonté « prioritaire » du roi des Romains d’aller se faire sacrer à Rome, au besoin en utilisant les fonds rassemblés par l’Église pour l’organisation d’une croisade contre les Turcs mais le prélat dépourvu de rancune, revient à la charge, malgré les prélèvements financiers de Maximilien dont l’attitude à son égard oscille entre le soutien et le rejet. L’Empereur Frédéric après lui avoir donné l’évêché de Gurk en Carniole, en a fait le chancelier d’Autriche en 1492 et il obtient un chapeau de cardinal en 1493 année où le prélat a obtenu par ses interventions dans l’antagonisme entre la France et la maison d’Autriche depuis des années, la signature de la paix de Senlis149. René II est entré en relations avec lui, probablement dans les années 1480. La comptabilité ducale conservée ne porte aucune trace de versement pour la croisade qu’aurait pu demander Raymond Péraud. Mais ce dernier prie René II de se trouver à Nancy où lui-même compte faire étape le soir même avec les ambassadeurs du roi des Romains en pleine guerre de Metz, au printemps 1490150. Rien n’est connu de cette entrevue, mais les relations se sont probablement développées entre ces deux hommes de foi, sensibles l’un et l’autre à la spiritualité franciscaine. Pourtant, René II ne semble avoir fait aucun versement en faveur des œuvres du légat, bien au contraire, celui-ci lui a prêté, sans doute à l’occasion de cette rencontre, 100 florins151.

63En outre, son secrétaire est rémunéré ponctuellement deux ans plus tard par René II. Or, il s’agit de Jean-Louis Crasse qui entre ensuite au service de René II et intervient notamment dans les rapports du duc avec la curie romaine152. L’Empereur Maximilien souhaitait éloigner Raimond Péraud victime de poursuites judiciaires153. Il le soutient finalement pour l’obtention du siège épiscopal de Metz, au décès d’Henri de Lorraine, dont il doit devenir le coadjuteur154. René II qui souhaite réserver ce siège à son fils Jean, obtient en 1501 un compromis : Raimond Péraud renonce à Metz contre la réservation de l’évêché de Toul à laquelle consentent l’évêque Olry de Blâmont et le chapitre : il y devint coadjuteur et promesse qu’il ne sera procédé à aucune nomination préjudiciable à ses intérêts, mais il meurt finalement un an avant le titulaire155.

IV Philippe le Beau et l’ère des compromis

64Philippe le Beau déclaré majeur par son père en août 1494, reçoit de lui le gouvernement des Pays-Bas qui lui revient du fait de sa mère156. Apparaissant dès lors sur la scène internationale, le jeune prince édifie assez rapidement une politique indépendante de celle de son père, plus soucieuse de recherche de compromis. Ne pouvant ni ne voulant entamer des luttes avec tous ses voisins, il se conduit en vrai « bourguignon » beaucoup trop francophile aux yeux de son père157. Il a conclu la paix avec le roi de France en 1498. Il ratifie par ailleurs le traité passé entre « ceux » du pays de Luxembourg et comté de Chiny avec « ceux » de la cité de Metz qui comprend une confédération pour 10 ans afin d’entretenir la paix158.

A) Maximilien et la Chambre Impériale

65Maximilien tente d’imposer une justice d’appel souveraine, au-dessus de celle des princes de l’Empire avec le Reichskammergericht. René II, pour sa part, s’efforce d’y résister, considérant que c’est une atteinte à sa souveraineté. Mais comme certains hommes en procès contre lui y font appel, il a dû désigner des procureurs pour l’y représenter lui et ses intérêts159. Par exemple, en conflit avec Nicolas d’Anglure à propos de l’avouerie d’Épinal, René II déclare refuser de comparaître à la chambre impériale à laquelle Nicolas d’Anglure a fait appel : il ne veut y être jugé ni en personne ni pour son duché160. Il refuse la soumission de la Lorraine comme entité juridique à la justice impériale. Un nouveau procès est intenté devant la même instance en 1504 contre les frères Lud et leurs consorts par la veuve Schenk de Brisach, à propos des mines des Vosges161. Les Lorrains ont résisté autant que possible et Maximilien a temporisé, à plusieurs reprises, à ce sujet, devant l’opposition de René II.

66Dans une autre affaire, Philippe le Beau s’est interposé pour plaider la cause de son père : Huyn Roynette162, officier de René II, devenu président de la chambre des comptes en 1492, est arrêté alors qu’il s’était réfugié dans le couvent des Franciscains de Toul à l’été 1498. Maximilien qui le connaît, apparemment trop bien au goût de René II, réclame en vain sa comparution devant la Chambre Impériale. Le 18 mars 1499, Philippe le Beau écrit très respectueusement à sa cousine, Philippe de Gueldre, la priant d’intercéder auprès de René II : ce dernier n’a pas encore fait délivrer contre caution ou autrement Huyn Roynette, malgré la requête personnelle de Maximilien à René II et la démarche ultérieure de Jean de Vy prévôt de Bastogne163. « Je sais bien, écris l’archiduc, que mon seigneur et père désire parler au dit maître Huin et qu’il a cette chose à cœur »164. Rien n’y fit. René II refuse de « plaidoyer » l’affaire devant la Chambre Impériale, parce que « la correction de nos serviteurs ne leur appartient »165. Finalement, après un procès mené en Lorraine et dont toutes les pièces ont été apparemment rapidement détruites, le coupable est décapité à Nancy devant sa maison, en août 1499166.

B) L’hommage de René II à l’archiduc et le traité de Middelburg

67Les relations de Philippe le Beau avec le duc de Lorraine et de Bar se sont probablement nouées à la suite du voyage de René II à Worms. Sans que l’on puisse déterminer qui en a pris l’initiative, il semble que René II ait été soucieux de se voir réintégrer dans la jouissance de ses rentes et domaines sis dans l’Empire. Dès mars 1496, en effet, l’hommage de René II pour les fiefs de Brabant, de Hainaut et de Flandre est reçu par Philippe le Beau. Il accepte que la démarche soit faite par Jean d’Orglandes167 au nom de René II168. Il se montre donc plus conciliant que son père à l’égard de la susceptibilité du duc de Lorraine, en matière protocolaire.

68Mais Philippe le Beau présente également des réclamations : il souhaite recouvrer la moitié des Terres Communes que le duc de Lorraine tient en entier, depuis les guerres de Bourgogne. Il souhaite surtout établir des relations pacifiques et la libre circulation des marchands, pèlerins et autres sujets entre leurs pays respectifs, alors que des incidents locaux éclatent fréquemment.

69René nomme donc l’année suivante ses conseillers Jean d’Orglandes chambellan et Jean Boudet secrétaire, comme procureurs généraux et messagers spéciaux, pour débattre en toutes ses causes et le représenter en justice, à la cour et chancellerie de son cousin l’archiduc d’Autriche169. Puis il lui faut envoyer l’année suivante, le procureur général de Lorraine, Jean de l’Église à qui, selon son propre rapport, l’archiduc a « baillé bonne audience », a admis que les réclamations présentées étaient justes et raisonnables et présente des excuses pour le retard mis au règlement de ces questions170. René II souhaite profiter de la bonne volonté de Philippe le Beau pour en obtenir une restitution des biens dont il a été spolié lors des guerres de Bourgogne. Il s’agit de seigneuries situées dans le Brabant bourguignon : Aarschot et Bierbeck, mais aussi des Terres Communes et autres menues questions171. Une journée de conciliation a eu lieu à Gand172. À la suite de cette dernière, René II fait établir un mémoire dans lequel il explique que ces biens lui reviennent du fait de leur rachat par sa grand-mère Marie d’Harcourt173. C’est ce qu’il écrit encore à Philippe le Beau le 25 mai 1501174. Finalement, à Middelbourg, le 3 juin suivant est signé un traité, un accord de paix, d’amitié et d’intelligence. Philippe le Beau prend soin de ne pas heurter la sensibilité de René II qui, depuis son hommage à Worms, est désormais qualifié par Maximilien et son fils du titre de « très haut et puissant prince »175. Par ce traité, René II renonce finalement aux seigneuries brabançonnes de sa grand-mère : isolées au milieu de territoires bourguignons, elles ne peuvent lui apporter grand secours et risquent d’être à nouveau perdues, lors du premier conflit grave qui surgira176.

70En revanche, les Terres Communes et les seigneuries de Damvillers, Virton et Chauvency situées à la frontière entre les duchés de Luxembourg et de Bar demeurent malgré les réclamations de Philippe le Beau, aux mains de René II, pour moitié à titre définitif, sans condition et pour moitié avec la réserve d’un droit de rachat de l’archiduc pour 25 000 florins. Philippe le Beau fait remercier René II en novembre 1501, alors qu’il est sur son départ. Il se dit très reconnaissant de l’accueil réservé à ses ambassadeurs177.

71Les territoires des deux principautés se trouvent étroitement imbriqués. Aussi, pour éviter les dangers de guerres que peuvent engendrer les désaccords, la procédure de règlement des conflits est décrite et envisagée dans le détail. Elle doit être confiée à quatre juges, deux pour chacun des ducs, avec une alternance déterminée par le sort de la présidence du tribunal ainsi constitué. Effectivement, le traité n’ayant pas réglé toutes les questions, il fallut une journée tenue à Sierck les 12 et 13 août 1504 pour préciser entre autres, que chacun userait du sel recommandé par son seigneur et pourrait le transporter en quantité raisonnable, que les aides générales se partageraient par moitié entre les deux princes et que la garde de Königsmacker devrait être abolie178. La liste des décisions montre bien le type de questions propres à la vie dans les régions frontalières, qui peuvent affecter les populations et la nécessité de les régler conjointement, sous l’égide des deux princes de manière équitable et par des instances juridiques et judiciaires rigoureusement partagées, pour éviter toute rancœur179.

72Une commission comparable doit être mise en place pour régler les questions de frontière particulièrement complexes en Franche-Comté. Des négociations à ce propos ont lieu à Gand, peu après le traité de Middelbourg, mais les représentants des deux princes n’étaient pas suffisamment compétents en matière de droit ni assez largement mandatés pour avancer le règlement des questions litigieuses ; ils ont donc décidé « prestement et sans plus ample instruction que les décisions seraient prises par une commission représentant les deux parties »180. René II envoie donc par mandat du 19 septembre 1501, deux de ses conseillers : Hugues des Hazards docteur en droits, président de Lorraine et doyen de l’église cathédrale de Metz avec Jean Bodinays, licencié en lois, lieutenant général du bailli de Bar, à Gand, pour discuter et débattre avec les délégués de son cousin l’archiduc. Ces deux hommes sont des habitués des négociations tant avec l’Empire qu’auprès du roi de France. Hugues des Hazards présent à Worms en mai 1495, a mené l’ambassade envoyée à Lindau, l’année suivante181. Les questions qui demeurent concernent les marches et limites des pays de Barrois et comté de Bourgogne. Il a été décidé à Gand que, sans plus ample instruction et procédure, chaque prince choisirait deux conseillers « lettrés » qui connaitront des questions et décideront « ainsi qu’ils trouveront être à faire par raison »182. En fait, la matière s’est avérée si importante, qu’il fallut allonger le délai avant la première rencontre et augmenter le nombre de négociateurs. Dix ans plus tard, les questions ne sont pas encore réglées ; des enquêtes sur place ont dû être diligentées183.

C) Projet d’alliance matrimoniale

73Aspect important de la politique internationale, les alliances matrimoniales moins coûteuses que les guerres peuvent permettre des acquisitions territoriales si elles sont bien négociées et connaissent l’aboutissement qui a présidé à leur négociation. À cette époque, beaucoup de supputations d’alliances matrimoniales agitent les cours d’Europe soucieuses de défendre leurs objectifs politiques et de ne pas être confrontées à des coalitions inamicales fondées sur ce type d’alliance. Ces bruits, les ambassadeurs, italiens en particulier, qui sont nombreux et dont les écrits ont été plus largement conservés, s’en font l’écho, par souci sans doute aussi, de montrer qu’ils font leur travail. Ainsi par exemple, Francesco della Casa envoyé florentin à la cour de France, informe Pierre de Médicis en mai 1494, qu’une rumeur court sur des tractations de mariage entre Marguerite d’Autriche et le duc de Calabre, Antoine de Lorraine et que René II souhaite obtenir une alliance avec Maximilien parce qu’il est très mécontent de l’attitude du roi de France à son égard184.

74Après des décennies de rivalités et d’affrontement entre l’Empire et le royaume de France, en août 1501, un traité d’accordailles entre le roi de France et Philippe le Beau prévoit le mariage du futur Charles Quint avec Claude la fille de Louis XII185. L’archiduc, profondément désireux de pacification du fait de la situation de ses États et de sa perception du contexte politique général, entame également des pourparlers d’alliance matrimoniale avec le duc de Lorraine dont la victoire a jadis provoqué le démantèlement de la Bourgogne.

75Dès 1504, alors que les négociations sur diverses questions relatives à la frontière entre duché de Luxembourg et duché de Bar, se poursuivent et aboutissent186, Philippe pense à marier sa fille Isabelle avec le fils aîné du duc de Lorraine. Il s’en est apparemment ouvert à son père qui n’est pas favorable à cette alliance. À la cour de ce dernier, on parle d’un autre projet de mariage pour Antoine de Lorraine, à en croire le journal du secrétaire vénitien Sanudo : le pape Jules II voudrait lui voir épouser l’une de ses filles187.

76Tandis que le futur duc Antoine séjourne à la cour de France pour parfaire son éducation, le 26 décembre 1505, Philippe le Beau donne par procuration pleins pouvoirs au seigneur de Chièvres, lieutenant général de ses pays de par-deçà et à deux autres de ses officiers. Il les charge de négocier le mariage de l’une de ses filles, Éléonore ou Isabelle, avec le duc de Calabre fils aîné du roi de Sicile. Cette négociation est faite en son propre nom, en celui de son épouse et aussi écrit-il en celui de son père188. Or, Maximilien n’est apparemment pas favorable à cette alliance, comme il l’indique à la fin d’une lettre à son fils, dans laquelle il lui recommande de faire négocier à la fois la paix avec le royaume de Naples et celle avec la France et de faire mener des négociations pour le mariage de son fils Charles avec Claude de France. Il précise qu’il n’a pas changé d’avis à propos du projet d’alliance lorraine, ce qui indique que ce n’est pas une idée nouvelle à la date du 4 septembre 1504. Il déclare que le fils aîné du duc de Lorraine n’est pas un parti pour sa petite-fille Isabelle qu’il a dans l’œil actuellement et que l’on peut trouver des alliances plus profitables : il souhaite régler cette question dans une conversation avec son fils189.

77Pourtant, cinq ans plus tard au moins, après le décès de Philippe le Beau et celui du duc René II, des pourparlers sont en cours à propos de ce mariage et le contenu des négociations montre clairement les enjeux de cette alliance190 projetée cette fois avec Éléonore, fille aînée de l’archiduc décédé. C’est le bailli de l’évêché de Metz, Adam Bayer, qui a transmis les propositions du duc. Celui-ci doit renoncer à ses droits sur Naples et sur la Sicile, à toutes prétentions sur le duché de Gueldre et le comté de Zutphen, restituer Marville tenu en engagère pour 25 000 florins et après consommation du mariage, aider Maximilien contre les Vénitiens. Simultanément est envisagé le mariage de Charles de Gueldre oncle maternel d’Antoine avec Isabelle sœur d’Éléonore. Ce projet vise donc clairement à éliminer le duc de Lorraine de la scène politique internationale, en annihilant ses prétentions « extérieures ». Il montre que les Anjou font encore partie du champ politique italien et de son imaginaire et que la Gueldre constitue un enjeu non négligeable, du côté de l’Empire.

D) La question de Gueldre

78René II épouse à Orléans le 28 août 1485, Philippe de Gueldre, nièce de la régente de France Anne de Beaujeu et sœur du duc de Gueldre Charles. Ce dernier est fait prisonnier par les Français à la bataille de Béthune en juillet 1487. Maximilien place un gouverneur dans le duché et y lève des impôts : la population pressurée va se soulever à plusieurs reprises. Le duc de Lorraine s’efforce en vain de faire libérer le frère de son épouse des années durant, mais Maximilien ne lui est d’aucun secours. Il souhaite conserver les revenus de la Gueldre. Après l’envoi sans succès de plusieurs ambassades auprès des régents de France191, la rançon est fixée par la France, à 200 000 florins marchands, somme qui excède les moyens du prisonnier qui a tout perdu192. René II n’ayant pu faire fléchir les Français, s’adresse à Maximilien à qui il envoie le chevalier Jean Geburchin : celui-ci est porteur d’une lettre du prisonnier demandant à Maximilien de payer sa rançon ou à défaut, de rendre la Gueldre avec l’aide de laquelle René II espère faire libérer son beau-frère. Il s’offre lui-même comme médiateur en cas de difficulté193. Mais Maximilien n’agit pas, ne souhaitant pas voir cette solution aboutir. Cependant, à la demande de René II, les villes de Gueldre se cotisent en sa faveur, espérant un meilleur sort sous son autorité et le duc de Lorraine avance une part de la somme. Charles de Gueldre est libéré à Abbeville en 1492. Il est reconnu comme duc dans nombre de villes du duché. Maximilien et Adolphe II de Nassau-Wiesbaden qui administre la principauté au nom du Roi des Romains, s’efforcent dès lors en vain de l’éliminer194. Il doit se livrer à une lutte à peu près constante et vit difficilement.

79En 1495, René II réclame au bourgmestre et au conseil de la ville de Ruremonde les 25 000 livres avancées par lui au nom de celle-ci pour la rançon195. Le jeune duc mène une longue résistance armée contre Maximilien et Philippe le Beau. À l’été 1506, par exemple, Guillaume de Croÿ seigneur de Chièvres lieutenant général du jeune roi de Castille a appelé au secours le roi d’Angleterre contre le duc de Gueldre soutenu par le roi de France196. En 1505, il reçoit un versement du receveur lorrain de Sierck mais jamais il n’obtient la Gueldre avant le règne de Charles Quint, malgré tous ses efforts et ceux de René II.

CONCLUSION

80Ces éléments qui retracent trente années de relations entre le duc de Lorraine René II et l’Empire germanique, permettent d’éclairer la situation d’une modeste principauté sans cesse aux prises avec les ambitions de ses puissants voisins, du fait de sa situation centrale, de l’intense morcellement des territoires et des pouvoirs dans la vieille région d’entre Rhin et Meuse, et des liens tant ancestraux que contemporains avec nombre de contrées et de grandes familles européennes.

81Dans ce contexte, le duc René II dont la victoire sur Charles le Téméraire fut sans doute pour ses contemporains, aussi étonnante que fortuite, a probablement tiré l’un des meilleurs partis possibles de sa situation. Il a en effet constitué autour de ses duchés, un système d’alliances de paix et de défense lui permettant de les maintenir à l’écart des grands conflits de l’époque. Il a résisté aux tentatives de l’Empire et du royaume de France pour le soumettre à leur autorité par leurs exigences de fourniture de contingents militaires, de prestations financières et d’entrée unilatérale dans leur système d’alliances. Il a porté haut et fort ses revendications d’héritier des Angevins et d’allié des Gueldre entre autres, pour exiger d’être traité en prince de sang royal, portant un titre royal et revendiquer ses droits, ce qui explique les projets d’alliance matrimoniale, forgés par Philippe le Beau à l’égard d’Antoine, pour éliminer l’obstacle que représentent encore, au début du XVIe siècle cette famille, ses ambitions et ses revendications.

82Les fondements juridiques de l’attitude de René II montrent ici leur solidité ; celle-ci repose sur l’exploitation systématique du droit féodal qui anime une société de pairs à travers ses sources archivistiques, dans la répugnance permanente pour toute « nouvelleté ». Ce maniement habile du droit fait obstacle aux exigences de la notion de souveraineté qui se construit difficilement dans l’Empire où ses fondements demeurent insuffisamment charpentés, au début du XVIe siècle.

Notes go_to_top

1 Rapp Francis, Maximilien d’Autriche, 310 pages, Paris, 2007, p. 43 indique que l’empereur percevait au mieux 150 000 florins par an parfois seulement 50 000 quand le roi de France pouvait disposer de 2 millions de florins.

2 À son sujet, consulter notamment Cauchies Jean-Marie, Philippe le Beau. Le dernier duc de Bourgogne, Turnhout, 2003.

3 Walter Mohr aborde la plupart de ces questions dans son œuvre magistrale, mais n’utilise que des sources narratives et documentaires publiées : voir GeschichterDas Herzogtum Lothringen. Teil IV : Das Herzogtum Lothringen zwischen Frankreich und Deutschland (14.-17. Jahrhundert), Trier, 1986, p. 119-138.

4 Les comptes des prévôtés concernées ne sont pas conservés, mais dans le compte du receveur général de Lorraine pour 1477, se trouve une dépense de plus de 972 livres tournois pour frais engagés à Remiremont et à Fougerolles par Hohenfurst, Naguel et autres gens d’armes placés en garnison par ordonnance du duc contre les Bourguignons du 31 mai au 15 septembre 1477 : la garnison a rapporté butins et contributions forcées qui sont comptabilisés en recette extraordinaire dans ce registre : Archives départementales de Meurthe-et-Moselle (désormais AD54), B 972, f°574. Les hommes sont envoyés à Fougerolles parce qu’on craint que la population ne se rende aux Bourguignons.

5 Il conquiert également la seigneurie de Faulquemont à l’Est de Metz, dans le bailliage d’Allemagne, face aux Nassau-Sarrebrück : cf AD54, B690, n°150 : le 29 octobre 1484 Walther de Thann à qui il avait donné cette seigneurie en fief étant décédé, il la cède à son cousin Philippe de Linange et de Dabo son bailli d’Allemagne.

6 Sur cette question voir l’étude d’Yvonne Lanhers, « Note sur la prévôté de Virton pendant l’occupation barroise (1478-1519) », Revue du Pays Gaumais, t. 36-37 (1975-1976), p. 201-222 ; les comptes conservés pour la prévôté de Virton se trouvent à la Bibliothèque nationale de France dans la collection Lorraine (désormais BnF, LOR) 520 et 186 et aux AD54, pour Virton B 10294 et sv, pour Marville, B 6984, pour Damvillers, B 5060 et sv., les comptes de prévôtés voisines comme celle de Longwy se font pareillement l’écho d’incidents de frontières : Archives départementales de la Meuse (désormais AD55), B 1881 et suivants.

7 AD55, B 1881, f°115, 116, etc. ; il y a pourtant déjà deux hommes chargés de la garde du château jour et nuit du 11 novembre 1477 au 19 février suivant : ibid. f°116v°

8 Le 20 septembre 1478 témoignage du porteur Jacquemin le Bourguignon : AD55, B1881, f°121v°.

9 ibid. f°116 v° etc. : de nombreux échanges de messages à ce propos de mars à juin 1478 entre la prévôté et le conseil ducal à Nancy ; d’autres sont portés à Hamm, à Arlon, à Luxembourg, à Marville : AD55, B1881, f°118 et sv. Quelques années plus tard, le 6 novembre 1494, l’archevêque de Trèves met fin par arbitrage à une « Fehde » entre le duc de Lorraine René II et Frédéric de Sombreffe seigneur de Kerpen : BnF, LOR 250, f°27 pour la même question d’arrérages de rente féodale non réglés par le duc.

10 Toutey Émile, Charles le Téméraire et la ligue de Constance, Paris, 1902, décrit la formation d’une opposition à la fois régionale et internationale à Charles le Téméraire.

11 La lettre en latin est transcrite dans les régestes de lettres patentes du duc René II : AD54, B1, f°294

12 Localité relevant du duché de Bar, située à 8 kilomètres au N-W de Metz, à distinguer de Norroy-lès-Pont-à-Mousson, à 33 kilomètres au sud.

13 AD55, B 3065.

14 AD55, B 2991.

15 Sur cette question, voir J.-D. Mougeot, « De la périphérie à la frontière ? Les prévôtés septentrionales du duché de Bar face au Luxembourg 1470/1473-1508 » in Jean-Christophe Blanchard et Hélène Schneider (dir.), René II lieutenant et duc de Bar, Nancy, Annales de l’Est, n° spécial-2014, p. 147-174.

16 À ce sujet voir Rapp Francis, op. cit..

17 AD54, B407, f°2-3.

18 Wiesflecker Hermann, Kaiser Maximilian I. Das Reich, Österreich und Europa an der Wende zur Neuzeit, t. I, p. 144, évoque la situation aux Pays-Bas mais n’évoque pas ce dont il est question ici.

19 Vidimus du 24 janvier 1479 conservé dans les archives lorraines : BnF, LOR 250 n°17 et copie moderne ibid. LOR 11, f°104-106.

20 Vienne, östereichischer Staatsarchive (désormais OESTA), lothringische Urkunden (désormais LUK) 97 : le contrat de mariage est confirmé par le grand-père et le père de l’épouse à Kaiserslautern, le 6 février 1393 ; Elisabeth fille du duc Ferry épouse déjà en 1287 Louis fils aîné du comte palatin du même nom : OESTA, LUK 11.

21 Le conseil ducal de Lorraine ordonne le 5 mai 1501 par tout le duché de Lorraine, la célébration d’un service le plus solennel possible, à l’occasion des obsèques de la comtesse palatine cousine de René II, de faire sonner les cloches et d’envoyer les armes de la dite dame pour les fixer au portail des églises, comme en atteste la lettre-circulaire rédigée à cet effet : AD54, 1F 234.

22 Acte du 14 novembre 1446, conservé aux archives de l’État Bavarois, à Münich : Bayerisches Hauptstaatsarchiv (désormais BHSA), kurpfalzische Urkunden, n°1093. Le traité de 1453 conservé dans le même fonds sous la cote 1094 est comme le précédent, signé de la main de Bouxières l’un des secrétaires trilingues de René d’Anjou et enregistré par la chancellerie du duc Frédéric ; une copie-traduction de Brassin secrétaire de René d’Anjou en Provence est conservée à Nancy : AD54, 3F476, n°48. Il engage aussi Philippe comte palatin le neveu de Frédéric qui doit lui succéder.

23 Le 31 mai 1474, est ordonné un paiement de 43 florins à 17,5 gros pièce pour frais et dépenses de 200 cavaliers que le comte Palatin Frédéric Ier de Wittelsbach avait envoyés au service du feu duc Nicolas de Lorraine : AD54, B 1, f°294. L’aide doit se faire sur requête de celui qui est attaqué et dont il ne devra, une fois informé ni héberger, ni soutenir les ennemis, les troupes envoyées doivent être entretenues par celui qui s’en fait aider ; en cas de litige, le prince du plaignant a 9 mois pour régler l’affaire par justice et les deux princes se doivent entraide en la matière. En 1498, seulement est réglée une dette concernant une armée envoyée au service du feu comte palatin décédé en 1476, Frédéric 1er : AD54, B 6, f°18.

24 Cf. note (20) : dans le même fonds, se trouve, n°1096, la signature entre Jean et Frédéric pour la durée de leurs deux vies, à Haguenau en 1464 ; ensuite, entre Philippe et Nicolas : c’est au vu des deux lettres précédentes que la chancellerie lorraine, le 9 août 1471, par la volonté des deux princes, établit un nouveau traité attesté par l’acte du 11 août 1471 : ibid. n°1097 : ces deux actes sont de la main de Johannès Lud.

25 Au sujet de ces réformes, Wiesflecker Hermann, op. cit., t. V, p. 220 et sv., expose la politique de Maximilien.

26 Ce traité, rédigé en allemand, est conservé à Nancy : AD54, B 657, n°106.

27 Münich, BHSA, kurpfalzische Urkunden, n°1098 ; l’électeur Palatin prend garde de préserver dans cette alliance tous ses accords antérieurs avec la plupart de ses voisins ; René II craignait sans doute plutôt le refuge que son ami pourrait accorder à des partisans messins, la lutte impliquant des terres du bailliage ducal d’Allemagne. Il propose le comte palatin comme arbitre du conflit mais c’est finalement l’archevêque de Trèves qui remplira ce rôle avec des délégués de la ville de Strasbourg : voir notamment à ce propos Archives municipales de METZ (désormais AMM), AA53 et Schneider Hélène, « Le face à face avec le duc de Lorraine », Metz 1500, dir. Léonard Dauphant, Presses universitaires du Septentrion, à paraître, 2022.

28 L’échange de courriers à ce sujet est partiellement conservé : AD54, B 690, n°154, f°1-5.

29 BnF, LOR 7, f°166-167.

30 En septembre 1495, l’armurier du duc Demenge Pensac est rémunéré pour livraison de harnais d’armes dont l’un est destiné au comte Palatin ; en 1500, Olry Wisse de Gerbéviller est dédommagé pour un cheval valant 100 écus d’or qu’il a donné pour le comte Palatin : AD54, B 5, f°154 et B 7, f°78.

31 BnF, LOR 7, f°164 ; Ferry de Helmstat écuyer, conseiller de René II est actif dans le bailliage d’Allemagne BnF, LOR 7, f°131-132 ; il sert à plusieurs reprises d’intermédiaire avec le comte Palatin : pour les « affaires » du duc en 1493 : AD54, B 991, f°39, et bénéficie d’une pension annuelle de 60 florins d’or à partir de 1487 : AD54, B 3, f°134v°.

32 BnF, LOR 7, f°183 : le comte remercie par cette lettre de 1501, le duc de Lorraine qui a intercédé en sa faveur, avec succès probablement, auprès du roi de France pour une pension qui lui était due.

33 Règlements effectués les 2 mai, 8 septembre, 10 octobre 1474, le 21 mai 1475 pour deux voyages, 7 juillet suivant, 18 septembre 1478 etc. : AD54, B1, f°120, 181, 206, 490, 495 etc. et pension de 200 florins octroyée par le duc Nicolas que René II lui confirme : B1, f°273.

34 Jean de Salm est rémunéré pour plusieurs voyages « devers le comte palatin » en 1489 : AD54, B 3, f°303

35 Par exemple le comte palatin demande une aide militaire à René II en 1502, car son voisin Guillaume landgrave de Hesse prépare une expédition militaire et il craint d’être attaqué sans en connaître la raison, écrit-il, à René II dont il veut s’assurer l’aide : on a conservé la lettre originale en allemand et sa traduction française probablement par Johannès Lud au vu de la graphie, toutes deux datées du 5 juin 1502 : BnF, LOR 7, f°188-191. En revanche, il n’y a pas trace d’intervention lorraine dans la guerre de l’électeur Palatin contre Maximilien, en 1504 à propos de la Bavière. Mais René II a reçu de l’aide de son voisin dans la guerre contre Robert de La Marck : AD54, B 995 paiement d’hommes envoyés par le maréchal du comte palatin en juin 1495.

36 Dans une lettre du 23 avril 1499, René II qui est à la cour de France, écrit à son épouse à Bar-le-Duc, pour qu’elle aide un noble napolitain qu’il lui envoie, Jean Jourdain des Ursins, à se rendre « à sûreté », chez les Vénitiens, en demandant au besoin son aide au Comte Palatin, s’il est en mesure de lui procurer un acheminement plus sûr : BnF, LOR 7, f°53 ; ibid, f°157 il passe la consigne au conseil à Nancy, le 4 mai suivant.

37 C’est ce qu’explique René II dans un mémoire circonstancié relatant, du point de vue du duc, les origines et les débuts de ce conflit : BnF, LOR 224, f°6-29.

38 Rapp Francis, op. cit., p.194 : l’archevêque de Mayence, Berthold de Henneberg est dans le même cas.

39 BnF, LOR 7, f°208 : la lettre peut être datée grâce à la mention dorsale de BnF, LOR 368, f°173 qui indique que les lettres de Maximilien ont été présentées à Louppy le Chastel le 18 juin 1504 et que le comte palatin était passé avant la réception de ces lettres.

40 BnF, LOR 7, f°200-201.

41 AD54, B 920, n°33-02 : la pièce en déficit est connue par l’analyse de l’inventaire Lancelot selon laquelle le duc de Lorraine dénonce l’attaque surprise de Louppy-en-Woëvre, l’emprisonnement du prévôt de Morsberg et autres méfaits, bien que lui-même ait relâché le seigneur de Fontenoy etc.

42 Luxembourg, Archives de l’État, AX 16, n°239.

43 AD54, B 1, f°356, 379, 385, 389 : il avait été institué par le duc Nicolas contrôleur général de Lorraine ; coupable, avec son épouse Arambourg, de malversations, leurs biens et notamment le château de Remicourt sont confisqués, puis rendus par un accord de libération du 15 juin 1477 et pourtant le 3 juillet suivant, Oswald comte de Thierstein reçoit en héritage perpétuel les maison, grange et autres biens de Wautrin de Bayon à Nancy et le 4 juillet, Jeannot l’Arbalétrier a acquis sa maison et son gagnage de Remicourt.

44 AD54, B 1, f°112.

45 BnF, LOR 11 f°97 : par une lettre du 27 novembre 1480, Sigismond écrit à René II qu’il va faire son possible en la matière.

46 D’après le Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 08.09.2011, traduit de l’allemand. Online: http://www.hls-dhs-dss.ch/textes/f/F10993.php.

47 Présent à la réception d’une ambassade de Jean de Beaufremont, le 11 décembre 1467, il fait partie de l’assemblée de nobles barrois et lorrains qui réunis à Charmes le 1er février 1468, s’engagent par serment à servir le duc et à se soutenir mutuellement en cas de guerre, de rançon, etc. BnF, LOR 386, f°77 et 469, f°8-9. En date du 12 juin 1474, ses frais de séjour à Épinal sont pris en charge par la comptabilité lorraine : AD54, B 1, f°142 : il s’y trouve avec ses gens et serviteurs, le duc exige paiement sans justification ; il n’est pas encore maréchal : Jean VII comte de Salm a reçu cet office à vie, le 20 août 1473 : AD54, B1, f°9.

48 Il fait pour lui, avec succès, le siège de Baccarat avec Jean d’Einvaux, en 1477 : AD54, B 972, f°561 ; cette année-là aussi il fut retenu en otage avec les comtes de Linange et de Sarrewerden, par la cité de Strasbourg à qui René II devait 348,5 florins prêtés pour le paiement d’hommes de guerre : ibid. f° 563.

49 AD54, B 975, f°453 : les ambassadeurs au nombre de 35, arrivent à Lunéville le 17 mai, restent en Lorraine jusqu’au 2 juin puis partent en Barrois rencontrer le gouverneur de Champagne et retournent à Nancy où ils demeurent jusqu’au 17 juin date de leur prise de congé pour retourner dans leur pays.

50 BnF, LOR 10, f°55.

51 Ibid., f°53.

52 Ibid., f°59, la journée est continuée le dimanche suivant : ibid. f°61 ; le compte-rendu de la journée se trouve ibid., f°67-72.

53 Ibid., f°61 : il indique dans les instructions à ses envoyés qu’il a grand besoin de la bienveillance des Suisses, ayant précisé auparavant : « depuis votre départ on a entrepris de gagner par trahison notre ville de Pont-à-Mousson et de fait les gens d’armes ont été en nombre d’environ 800 chevaux par aucuns jours, es bois à l’entour de Bouconville… la chose n’a point sorti d’effet, dont Dieu soit loué ».

54 Archives du Nord (désormais AD59), B 361 : ces instructions d’ambassade rédigées à la hâte, de manière informelle, ne sont ni datées ni signées.

55 Sur ce personnage, consulter Gachard Louis, Carondelet Jean, Biographie nationale de Belgique, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 1866-1986, t.3, p.341-342. L’ambassadeur envoyé en Lorraine est chargé de dire, entre autres, « qu’il a eu plusieurs devises avec monseigneur le chancelier et que entre autres se sont devisés ensemble des pourparlements eus du mariage de monseigneur le duc et de mademoiselle de Lorraine l’aînée » (AD59, B 433).

56 Id. : apparemment, le duc de Lorraine a répondu à une première ambassade qu’il enverrait le comte de Thierstein, mais n’en fit rien. Il ne souhaitait vraisemblablement pas cette union, sur laquelle aucune autre source n’a pu être retrouvée.

57 C’est à la cour de France que demeure Philippe de Gueldre depuis 1483 : Tranié Ghislain, Philippe de Gueldre (1467-1547), Paris, Classiques Garnier, 2018, p. 197.

58 Deux copies en sont conservées dans les archives ducales, l’une dans l’un des cartulaires du XVIe : AD54, B 407, f°43v°-46v°, l’autre est transcrite dans le cartulaire de Johannès Lud de la fin du XVe siècle : BnF, Français, 11823, f°123 et sv.

59 AMM, AA52 : les lieux de départ des expéditions et violences irraisonnées du comte sont Neuchâtel (Suisse, chef-lieu de canton), Rodemack (France, Moselle) et Richemont (France , Moselle).

60 AD54, B 584 n°71, AD55, B 2987 : Jean des Armoises, bailli de Saint-Mihiel, appelle à l’aide le 5 juin le prévôt de Bouconville, Didier Mangeot : il a besoin d’argent pour subvenir aux dépenses du siège. La recette de la prévôté de Pierrepont est également mise à contribution : AD55, B 1758.

61 Il s’est engagé aux côtés de Venise contre Ferrare et par ailleurs, il s’efforce de défendre ses droits sur le comté de Provence, après la mort de René d’Anjou en 1480 et de nouveau après celle de Louis XI en 1483 : VIENNE René de, « René II et Venise », Le Pays Lorrain, 1977, n°3, p.135-145.

62 BnF, LOR 368, f°17 et 18 : les négociateurs se sont séparés le dimanche de Quasimodo et doivent se retrouver toujours à Coblence, le 5ème dimanche après Pâques, pour conclure en cette matière, c’est-à-dire le 24 mai 1489.

63 AD54, 3F 463, n°1 et sv : en 1489, le 5ème dimanche de Pâques évoqué dans la minute préparatoire, tombe le 24 mai et les traités sont datés du lendemain 25 mai. Les régestes de l’archevêque de Trèves présentent une lacune entre le 23 avril 1489 où il séjourne à Erembreitstein et le 23 juin où il se trouve à Coblence : Goerz Adam, Regesten der Erzbischöfe zu Trier : Von Hetti bis Johann II., 814-1503, Trier, 1861, p. 361. Stollberg-Rilinger Barbara, Les vieux habits de l’Empereur, une histoire culturelle des institutions du Saint-Empire à l’époque moderne, Paris, Éditions de la maison des sciences de l’homme, 2013 p. 74 note 184, indique que l’alliance n’a pas eu lieu, René II ayant refusé un traité dressé contre le roi de France.

64 Cette précision est contenue dans une minute informelle suivant la traduction du traité d’alliance conclu avec le duc de Julliers : AD54, 3F 463, n°5.

65 Coblence, Landeshauptarchiv, Bestand 1A, Urkunde, nr 8575 : le 31 mai 1475.

66 Un accord est obtenu sur le partage des droits à Merzig (Sarre, Allemagne) et la levée en commun des impôts : AD54, B 936, 1, f°1.

67 Ibid., B 4, f°127v : le duc lui offre aussi une robe, ce qui indique probablement que ce clerc travaille au palais ducal. Didier Nicolas, originaire de Vic-sur-Seille, lieu de résidence des évêques de Metz est retenu comme secrétaire ordinaire de l’hôtel le 1er juin 1488 à 60 florins d’or et 24 résaux de céréales de gages annuels: Ibid., B 3, f°192, 289. Pour les années 1490 et 1491, 169 lettres écrites par lui sont recensées dans les regestes du duc : Ibid., B 4.

68 BnF, LOR 7, f°48 : il traduit, dès leur arrivée les lettres de Frédéric duc de Saxe à René II au sujet de prisonniers détenus par Henri comte de Thierstein.

69 BnF, LOR 368, f°34-38.

70 BnF, LOR 11, n°96 : 4 grands électeurs ainsi que divers évêques et nobles signent cette lettre datée du 13 novembre 1480.

71 D’après l’itinéraire de ses déplacements que permettent de dresser les registres de ses lettres patentes : ici cf. AD54, B 2.

72 BnF, LOR 368, n°26 : lettre en date du 1er septembre 1481.

73 AD54, B 3, f°171 : c’est le receveur général du duché de Bar qui a avancé l’argent ; il doit se rembourser sur l’aide prochainement levée sur la population.

74 Par exemple, le mandat de rembourser 44 florins d’or à Adam Liderbach pour un cheval qu’il a perdu aux Pays-Bas au service de l’Empereur : Id., f°305.

75 On peut consulter à ce sujet Rapp Francis, op. cit., pp. 88-91.

76 S’agit-il d’Aix-la-Chapelle ?

77 Ces précisions se trouvent dans les instructions transmises à Jean Geburchin prévôt de Berus non datées mais consécutives à la délivrance de Maximilien à Bruges en mai 1488 : BnF_LOR 368, n°74 ; il est prié de conclure de cet exposé des faits que le roi des Romains « peut bien connaître et entendre que monseigneur a bien et grandement fait son devoir et qu’il doit le tenir pour excusé. » Le dit Geburchin est déjà au service de René II en 1482 ; son nom est Johan von Brautschit : cf OESTA, lothringisches Archiv, Karton 96, n°3.

78 On ignore s’il l’a fait ou non.

79 Philippe de Vigneulles indique en effet dans sa chronique, que Robert de La Marck entreprend dès 1488 des chevauchées dans le duché de Bar principalement, qui conduisent René II à assiéger Chiny où il s’était enfermé : Bruneau Charles, la Chronique de Philippe de Vigneulles, t. III, Metz, 1932, p. 132.

80 Les frères Krantz mécontents de l’accord qui a suivi cette guerre et désireux de venger leur père qui fut alors victime des Messins reprennent la lutte de leur propre initiative : on a conservé la lettre des Messins s’en plaignant au duc et la minute de la réponse de ce dernier proposant un arbitrage de justice : BnF, LOR 224 bis, 381 et 276.

81 AD54, 3 F 481, 5 et 6 : la première en latin s’adresse à la Majesté Impériale, la seconde en Français à Maximilien : les Messins accusent les « Lorrains » de vengeance à l’égard de son beau-père Charles de Bourgogne, se plaignent de leurs violences, « occision » de peuple, etc.

82 BnF, LOR 10, 32, sa lettre est datée du 22 mars et rejette tous les torts de la guerre sur les Messins.

83 Ces évènements sont résumés dans un long mémoire rédigé pour le duc, exposant les causes pour lesquelles il est entré en guerre et revanche contre les Messins et leur demandant réponse un peu après ces faits : BnF, LOR 224, f°6-30 ; on a aussi conservé les notes prises sur les réponses des Messins aux doléances du duc présentées de sa part à la journée de Saint-Arnould : BnF, LOR 224, f°29.

84 OESTA, lothringisches Archiv, Karton 65 :

85 La liste se trouve en AMM, EE 1 qui est un registre où sont copiés à l’époque les noms des signataires avec la date de chaque défi ; une copie d’époque moderne est conservée aux AD57, J 413.

86 OESTA, lothringisches Archiv, Karton 65.

87 AMM, AA2, n°8 : les Messins paient tout de suite la moitié de la somme, le 10 novembre 1492 et s’engagent à s’acquitter du reste quand Maximilien aura accompli les articles de l’accord ; dès le 20 novembre suivant il convoque les parties pour régler les différends, 15 jours plus tard à Brisach : AD57, J413, n°1.

88 BnF, LOR 229, n°140-141 : l’accord stipule la libre circulation des marchandises, l’échange des prisonniers, etc. ; dès le 20 mai Conrad de Serrières, François et Renaud Le Gronnais font reprise au duc de Lorraine des fiefs qu’ils tiennent de lui : AD54, B 4, f°193v° et 194.

89 BnF, LOR 368, f°13.

90 AD54, 3F 473, n°54-2, lettre du 17 mai 1486 : il ajoute que comme Ferrand actuel détenteur du trône de Sicile et le roi de Hongrie ennemi du roi des Romains sont proches l’un de l’autre, il espère pouvoir compter sur l’aide de Maximilien contre Ferrand.

91 BnF, LOR 11, n°75 : « als ainem gehorsamen fursten des Heiligen Reichs ».

92 BnF, Français (désormais Fr) 4848, f°130 : la procuration est établie sous forme d’instrument notarié et devant témoins ; la précision « comme ses prédécesseurs l’ont fait… ».

93 OESTA, lothringisches Archiv, Karton 65 : René II déclare dans ces instructions sa volonté de « vivre et mourir avec eux » aux régents de France « parce qu’ils se sont employés en bonne forme en ses affaires » ; elles ne sont pas datées mais mentionnent les tentatives de pacification de la guerre dite de Metz du printemps 1490.

94 OESTA, lothringisches Archiv, Karton 65 ; le document n’est pas daté.

95 BnF, LOR 368, f°74-76 : le document non daté est postérieur et consécutif à la captivité de Maximilien à Bruges en 1488 ; devançant l’objection probable de Maximilien sur sa loyauté et son aide, le duc développe ensuite un paragraphe sur l’envoi de troupes pour la délivrance de Maximilien prisonnier à Bruges.

96 Les instructions des ambassadeurs royaux, Michel Gaillart et le bailli de Vitry datées du 1er août 1491 se trouvent dans les archives du Trésor des Chartes de Lorraine : BnF, LOR 11, f°59 ; elles évoquent aussi les questions de Provence, de la pension, de la dette pour l’arrentement de Bar etc.

97 BnF, Fr 4848, f°132.

98 Janssen Johann, Frankfurt’s Reichscorrespondenz nebst andern verwandten Aktenstücken, 2 vol., Fribourg, 1863-1873, tome II, p. 584, n°730 : une lettre de René II datée du 7 février 1495 prie le conseil de Francfort de trouver un hébergement pour l’ambassade qu’il veut envoyer à l’assemblée imminente du Reich.

99 Pelicier Charles éd., Lettres des Charles VIII, IV, 207-210, n° 873 : le roi dans une lettre du 9 mai à Pierre de Bourbon écrit entre autres, qu’il aurait appris que René II se serait rendu personnellement auprès de Maximilien pour lui prêter hommage parce que Maximilien refusait que ce soit un représentant qui le prête ; ce n’est probablement pas une nouvelle pour lui. Il n’y a pas trace, semble-t-il, dans les archives lorraines, des échanges entre Maximilien et René II entre février et mai 1495.

100 Stollberg-Rilinger Barbara, op. cit., p. 74-77, décrit et analyse cet évènement sous le titre « Une investiture ambivalente : la Lorraine » et cite ici le texte des Deutsche Reichstagakten unter Maximilian I., d’après le rapport de Reinhard Noltz de cette date.

101 Id. pour cette remarque et pour la suite de cette affaire.

102 René II prétend avoir pensé que sa réception « en grand honneur » par le roi des Romains, les princes électeurs et autres de l’Empire, précéderait immédiatement son hommage ; c’est du moins ce qu’il écrit au conseil de Lorraine, au soir de la cérémonie du 11 mai : BnF, LOR 368, f°21.

103 BnF, LOR 11, f°52.

104 AD54, 3F 432, f°110-111.

105 BnF, LOR 11, f°52v°.

106 BnF, LOR 368, f°20 : le délai entre l’arrivée et l’inféodation s’explique, selon René II lui-même, par la nécessité de préciser la qualité de tous les fiefs concernés pour « obvier à aucunes raisons par lesquelles l’on prétendait nous faire obliger envers l’Empire plus avant que tenus n’étions ».

107 Sans doute s’agit-il de Johannès Lud de Pfaffenhoffen qui fait le compte-rendu de la cérémonie conservé à l’état de minute informe : BnF, LOR 11, f°52.

108 BnF, LOR 7, f°101 : Maximilien y fait allusion ultérieurement.

109 Elle réunit Milan, Venise, l’Espagne, le pape et Maximilien contre le roi de France.

110 L’envoyé est Pietro Rezo : Venise, Biblioteca nazionale Marciana, codex italiano VII, 799 (=8002), f°29-48.

111 Münich, BHSA, Kasten blau 270/1, fol. 145-152.

112 Sa présence est attestée à Château-Salins à ces dates : AD54, B 5, f°235v°.

113 La noblesse du Reich en Franconie (Franken) expose que le “gemeine Pfennnig” est une “nouvelleté” exorbitante et élève une protestation contre cette atteinte aux libertés car ayant toujours défendu l’empereur, le Reich et l’Église de leur corps, de leur sang et de leurs armes, ils ne devraient pas subir une telle taxation. Ce refus a gagné les nobles en Lorraine, Souabe, Franconie rhénane et Odenwald : Regesta Imperii Online, URI: http://www.regesta-imperii.de/id/1495-12-15_3_0_14_1_0_3663_3657. Maximilien en conseil à Worms accrédite ses conseillers Philetus le maître d’hôtel de Bourgogne et Conrad von Ampringen pour les négociations sur le « commun pfennig » avec René II, l’archevêque de Besançon, les évêques de Metz, Toul et Verdun : Milan Archivio di Stato, Carteggio Visconteo Sforzesco, Potenze estere, Alemania, cart. 584.

114 Foscari Francesco, « Dispacci al Seanto veneto di Francesco Foscari e di altri oratori all’imperatore Massimiliano I nel 1496 » dans Archivio Storico Italiano 7/2 (1844), p. 721-948.

115 Regesta Imperii Online, URI: http://www.regesta-imperii.de/id/1497-05-22_1_0_14_2_0_4409_8058.

116 AD54, B 6, 186 : traité du 31 octobre 1496 à ce sujet. L’année suivante, René II s’engage à conserver le traité entre les époux à propos des châteaux de Rothenberg (Hesse, Allemagne) et de Felsberg (Hesse, Allemagne), le 20 octobre 1497 : AD54, B 6, f°86.

117 AD55, B 2994.

118 Selon un rapport de Chieregati, évêque de Concordia au pape Alexandre VI : Regesta Imperii Online, URI: http://www.regesta-imperii.de/id/1498-02-16_1_0_14_2_0_2220_5881.

119 Pour tout ceci, voir Rapp Francis, op. cit., p. 145 et sv.

120 BnF, LOR 7, f°113 : un rapport daté du mardi 24 juillet [1498] fait par Jean de Serocourt et adressé à Philippe de Gueldre évalue à plus de 6000 hommes les troupes présentes autour de Jussey et explique les risques encourus ; il demande des renforts.

121 Id., f°66. Dès le 1er juillet Philippe de Gueldre avertie de la venue du roi des Romains au comté de Bourgogne a demandé à Bertrand de Jaulin de préserver la paix des populations : AD55, B2994, dossier Jaulin.

122 cf. note 117.

123 Par lettre du 17 janvier 1495, Maximilien demande à René II de réexaminer l’affaire de la succession de Nicolas d’Anglure et de ne la compliquer d’aucune façon : OESTA, HHSA, ma 3a, f°29.

124 BnF, LOR 7, f°57, Philippe de Gueldre demande à Johannès Lud de traduire en latin ou en allemand les informations des officiers de Lamarche et de Chatillon sur les dommages perpétrés, pour les envoyer à la journée de justice assignée probablement par la chambre impériale qui a été saisie du conflit concernant Épinal.

125 Elle fait le lien entre le duc qui se trouve à la cour de France et le conseil de Lorraine à Nancy qui prend les mesures nécessaires en lien avec les ordres donnés par René II.

126 Seigneur de Beaufremont, au sud de Neufchâteau, il séjourne dans la région et, après règlement de son contentieux avec René II, le soutient fidèlement.

127 Par lettre écrite à Brisach, le 29 juin 1498 : BnF, LOR 7, f°42 ; la seconde missive est écrite de Fribourg, le 8 août 1498 : BnF, LOR 7, f°38.

128 Peut-être est-ce le moment où René II envoie en ambassade au Roi des Romains, soit Hans Krantz soit Warry de Lutzelbourg : BnF, LOR 7, f°79.

129 AD55, B 2418, f°92v°. Le 15 octobre, ils se décident à s’entendre pour conclure une trêve hivernale : Wiesflecker Hermann, op. cit. , t. II, p. 140.

130 BnF, LOR 7, f°103 : Jacques Merswin doit être chargé par les conseillers de René II de s’enquérir des intentions de Maximilien qui lui a dit en prenant congé de lui « qu’il voudrait qu’il lui eut coûté tous ses chevaux et que nous (René II) fussions à nos pays ».

131 Sans doute faut-il placer cette année-là une lettre de René II à son conseil de Lorraine, datée d’un 22 septembre à Bar, disant qu’il a installé des postes à Foug (10 km à l’ouest de Toul) et à Germiny (20 km au sud de Toul, pour être plus rapidement informé des mouvements de Maximilien ; il le charge de s’enquérir du train que veut prendre ce dernier.

132 BnF, LOR 7, f°101.

133 Selon Wiesflecker Hermann, op. cit., t. II, p. 139, qui cite lui-même Gröblacher Johann, König Maximilian I., Das Reich, Europa und die Erbländer im Jahre 1498, non publié, Graz, 1969, p. 165.

134 AD55, B 523, f°161v : un messager apporte la nouvelle que le Roi des Romains est à Villé (Val de Villé, Bas-Rhin, France).

135 AD54, B 919, n°45 : Saint-Nicolas-de-Port appartient alors pour l’essentiel à l’abbaye de Gorze et non au duc de Lorraine.

136 http://www.regesta-imperii.de/id/1498-10-28_2_0_14_2_0_3100_6758.

137 Müller Johann Joachim, Reichstags-Theatrum Maximilian, t.II, p.185, la letter est datée du 13 novembre 1498, à Blois.

138 Regesta imperii : https://daten.digitale-sammlungen.de/bsb00009279/images/index.html?id=00009279&seite=0027.

139 Pour les échanges de paroles disgracieuses et cette guerre, voir Rapp Francis, op. cit., p. 151.

140 Sa présence y est largement attestée de mars à juin 1499 (d’après les lettres patentes : AD54, B7 et B8) même s’il semble retourner quelques jours à Bar-le-Duc.

141 BnF, LOR 7, f°54 : c’est avec son épouse Philippe de Gueldre, destinataire de la lettre, que le duc échange sur ces questions franchement et spontanément. La lettre est datée du 23 avril et expose des faits tout récents ; à propos des trois électeurs cités, René II presse son épouse de leur faire écrire « Ilz pourront bien servir à la matière ». Le modèle de la lettre de René II écrite en Allemand pour les avertir est conservé, il est daté de Blois, le 24 avril 1499 : ibid., f°147. Une autre lettre du duc à son épouse, datée du 29 recommande de bien soigner les ambassadeurs : ibid., f°153.

142 Venise, Biblioteca nazionale Marciana, Manuscrits latins, class XIV, n°100, colloc 4279, fol. 85-92.

143 Saint-Pierre-aux-Nonnains, Saint-Martin-devant-Metz et Remiremont : Olland-Schneider Hélène, « Prolongements de la Querelle des Investitures en Lorraine à la fin du Moyen Âge dans Les pays de l’Entre-Deux au Moyen Âge », dans : Questions d’histoire des territoires d’Empire entre Meuse, Rhône et Rhin. Actes du 113e congrès national des sociétés savantes, Strasbourg, 1988, Paris, 1990, p. 47-60.

144 Olry de Blâmont puis Hugues des Hazards à Toul, Henri de Lorraine oncle paternel du duc René II puis Jean IV de Lorraine son fils à Metz, Warry de Dommartin puis Louis de Lorraine autre fils de René II à Verdun.

145 Plusieurs copies : Bibliothèque de l’Institut, coll. Godefroy, vol 140, BnF, LOR 242bis, f°95, AD54, 3F 433, f°213-219.

146 BnF, LOR 242bis, f°95.

147 Voir à ce propos Barralis Christine, « René II et les évêques de la région lorraine », in Blanchard Jean-Christophe et Schneider Hélène, op. cit., p. 243-255.

148 C’est un saintongeais de modeste origine qui par ses qualités et ses mérites parvint à entrer à la curie romaine et à devenir légat pour l’Empire tout en maintenant des relations avec le roi de France ; particulièrement soucieux de la croisade contre les Turcs et du salut de la Chrétienté il se consacre entièrement à sa tâche, sans appétit du gain et de fonctions ; au sujet de ce personnage, consulter Rapp Francis, « Un contemporain d’Alexandre VI Borgia, le cardinal Raymond Péraud (1435-1505) », Comptes rendus des séances de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, 138ème année, n°3, 1994, p. 665-677.

149 Wiesflecker Hermann, op. cit., t. I, p. 224, 301 et 322, t. III, p. 319.

150 BnF, LOR 224bis, f°395 : René II en informe son conseil qui se trouve encore à Moulins-lès-Metz, alors que lui-même est revenu à Pont-à-Mousson, situation qui permet de dater la lettre d’avril 1490 : cf. par exemple AD54, B 4, f°9.

151 Id., f°30 : mandement du 8 mai 1490 au receveur général de Lorraine de payer à Monseigneur le légat Raimond Péraud la somme de 100 florins d’or qu’il a prêtée au duc pour ses affaires.

152 Il est notamment le secrétaire d’un acte en latin portant garantie de René II à l’accord entre Jean de Nicolini archevêque d’Athènes et d’Amalfi qui renonce à l’évêché de Verdun contre promesse d’obtenir les prieurés de Varangéville et de Saint-Nicolas-de-Port, avec Warry de Dommartin abbé de Gorze : AD54, B 8, f°253 ; Il est aussi l’auteur d’une Vie du duc René II : LEPAGE Henri, « Sur l’auteur d’une vie de René II imprimée à Saint-Dié en 1500 (Johannis Aluysus Crassus Calaber) », dans Journal de la société d’archéologie lorraine, 1875, p. 76- 92.

153 Regesta Imperii Online, URI: http://www.regesta-imperii.de/id/1496-01-28_1_0_14_2_0_53_3733 : évoquées dans une lettre du 28 janvier 1496 de l’ambassadeur vénitien Contarini.

154 Maximilien écrit à ce propos au collège des cardinaux, le 26 août 1497 : Regesta Imperii Online, URI: http://www.regesta-imperii.de/id/1497-08-26_3_0_14_2_0_1546_5205a.

155 Un vitrail du chœur de la cathédrale porte ses armoiries.

156 Wiesflecker Hermann, op. cit., t. II, p. 32-35 notamment.

157 Rapp Francis, op. cit., pp. 87, 92, 146 : le soutien à son père se raréfie avec le temps.

158 BnF, LOR 186, f°35 : le traité du 26 décembre 1497 est ratifié le 2 janvier suivant selon une copie sur papier, non signée.

159 Les procureurs sont Valentin de Türckheim docteur en droit et maître Gabriel Hochstetter : Ils apparaissent dans les archives lorraines en mars 1498 à propos de cette affaire concernant Épinal : une procuration leur est donnée en 1497 : AD54, B 6, f°22.

160 Dans une lettre non datée à Johannès Lud de Pfaffenhoffen : BnF, LOR 7, n°112.

161 AD54, B952, 22 : 32 feuillets ; le 29 décembre 1493, Maximilien avait interdit à Hans Schenk son serviteur et bourgeois de Brisach d’entreprendre une action ou guerre contre René II ; il s’est cependant emparé de la mine que le duc avait mise en route à grands frais : http://www.regesta-imperii.de/id/1493-12-29_1_0_14_1_0_2892_2885 ; il s’ensuit un conflit.

162 Sur ce personnage, Rivière Christine, Les anoblissements et le pouvoir ducal en Lorraine à la fin du Moyen Âge, mémoire de maîtrise inédit, Nancy, 1998, donne une notice p. 124-125 ; il est anobli le 3 mars 1483, mais elle ne mentionne pas ses missions dans l’Empire.

163 Ce dernier, adversaire de René II dans la guerre de Metz, n’est probablement pas en excellents termes avec lui : cf. BnF, LOR 10, f°32 : René II se plaint dans une lettre du 22 mars 1490 adressée à Maximilien de ce que Jean de Vy prévôt de Thionville et de Bastogne l’a défié.

164 BnF, LOR 7, f°49 : lettre écrite à Bruxelles, le 18 mars 1499 ; il ajoute qu’en faisant plier René II, Philippe de Gueldre ferait grand plaisir à Maximilien et honneur à lui-même.

165 BnF, LOR 7, f°122 : il le précise dans une lettre à Johannès Lud le priant de faire réponse sur la question à Gabriel Hochstetter son procureur à la dite Chambre Impériale qui a été saisie par Jacques Roynette fils d’Huyn

166 Par lettre du 31 mai 1499, Philippe de Gueldre exprime son irritation aux sénéchal de Lorraine, bailli et lieutenant du bailli de Nancy : ils n’ont gardé aucune trace écrite de la procédure : BnF, LOR 7, f°159.

167 Désigné dans le document comme Jean de Saint-Amadour, il est aussi seigneur de Prétôt.

168 Bruxelles, Archives générales du Royaume (désormais AGR), CFB347, f°216 en date du 8 mars 1496 : les biens concernés sont Aarschot et Bierbeck en Brabant, Wallers en Hainaut et la rente sur le tonlieu de Damme en Flandre.

169 AD54, B6, f°7 procuration en date du 5 août 1497 ; la procuration s’étend à la cour des lieutenants des fiefs de Brabant et toutes autres cours de justice.

170 BnF, LOR 7, f°142 : lettre de Jean de L’Église faisant le rapport d son voyage au conseil de Lorraine ; la question portant principalement alors sur le paiement du tonlieu de Damme, le procureur se rend lui-même auprès du receveur de Flandre.

171 AD54, B7, f°115 : il envoie en Flandre, quatre conseillers avec mission d’y besogner « absolument » par tous bons moyens ; la procuration est datée du 26 janvier 1501.

172 AD54, 3F469.

173 Bruxelles, AGR, chartrier de Luxembourg, n°1997 : elle les avait rachetées pour 25 000 florins d’or.

174 Ibid., et copie dans AD59, B 367.

175 BnF, LOR 611, f°4-8 ; on peut citer une des premières ou la première lettre de Maximilien à René II après la prestation d’hommage, datée du 6 juin 1495, dans laquelle Maximilien annonce l’envoi d’un ambassadeur au duc de Lorraine. Auparavant, il est désigné par Maximilien comme « très cher et aimé cousin » par exemple en 1489 : BnF, LOR11, n°71.

176 Elles sont à l’époque dans les mains du seigneur de Chièvres, Guillaume de Croÿ ; il y a une engagère de 25 000 florins à laquelle René II renonce par ce traité, tout en maintenant son droit de rachat jusqu’en 1508, date à laquelle il abandonne définitivement ces biens : AD54, B11, f°166-167. En revanche le duc conserve la rente sur le tonlieu de Damme et obtient paiement des arrérages dus.

177 BnF, LOR 212, f°44 : les remerciements ne concernent pas seulement les questions traitées ; la lettre précise que, en raison d’affaires urgentes, il ne fera chercher le corps de Charles le Téméraire que le 4 janvier suivant : en fait, il faut attendre 1519 pour que ce transfert ait lieu.

178 AD55, B 2931 : il y est aussi question de la démolition de Rodemack demandée par les gens de Barrois, de l’exemption du haut conduit de Barrois pour les habitants de Marange (Marange-Zondrange, Moselle, France) et des modalités de règlement des désaccords concernant le sel commercialisé.

179 Un mémoire contre l’usage du sel de Malines, dans le duché de Bar, sans date, montre bien les problèmes de l’époque en la matière : AD55, B 2940.

180 Le mémoire rédigé à l’issu de la journée de Gand est conservé : AD54, 3F 469, mention f°3v°.

181 Cf ci-dessus, note 63.

182 AD54, B 8, f°57 et 182.

183 Les modifications sont justifiées par l’ampleur des dossiers et le nombre de copies que nécessite la préparation de la négociation : les dossiers sont conservés en bonne partie : BnF, LOR 710, 442 feuillets de productions de la part du duc, davantage encore pour l’archiduc.

184 Regesta Imperii Online, URI: http://www.regesta-imperii.de/id/1494-05-07_1_0_14_1_0_3014_3007 ; l’année suivante, ce sont les ambassadeurs vénitiens auprès de Maximilien Contarini et Trevisan qui dans leur rapport à la Seigneurie depuis Worms, annoncent la décision de mariage de la dite Margarethe avec le premier prince d’Espagne et la négociation de celui de Philippe avec sa sœur ; le même courrier annonce que le duc de Lorraine attaque le roi de France en Provence : http://www.regesta-imperii.de/id/1495-08-22_1_0_14_1_0_2329_2325.

185 Le projet est annulé par Louis XII une fois investi du Milanais : cf. Rapp Francis, op. cit., p. 207.

186 AD55, B 2931 : les conférences tenues à Sierck se terminent le 13 août 1504 par un accord signé entre les deux parties, pour la tenue d’assises communes à propos des 5 villes partagées entre les deux princes, au sujet de la levée des aides, du sel des diverses principautés, du règlement des conflits et de la garde de Königsmacker notamment.

187  Sanuto Marino, Diarii, t.V, p. 771 : la nouvelle aurait été transmise par un secrétaire de Maximilien, Balthazar Merklin, qui deviendra vice-chancelier de l’Empire puis évêque de Constance et d’Hildesheim : Wiesflecker Hermann, op. cit., t. V, p. 292.

188 Bruxelles, AGR, Chartrier de Luxembourg, n°2014, pièce en déficit, voir Cartulaire XI, f°343.

189 La lettre du 4 septembre 1504 est publiée sur le site des Regesta Imperii : http://www.regesta-imperii.de/id/1504-09-04_1_0_14_4_0_3396_19116.

190 Toute trace semble en avoir disparu des archives ducales lorraines, mais les archives luxembourgeoises ont conservé la copie de l’avis du conseil privé sur les propositions formulées par le duc Antoine : AGR, cartulaires du Luxembourg, XI, f°335 et sv.

191 OESTA, Lothringisches Archiv, Karton 65, 3, 11 : instructions à Huyn Roynette et à Saint-Amadour envoyés à cet effet, auprès des régents de France.

192 BnF, LOR 10, f°31.

193 BnF, LOR 368, f°74-75.

194 Dans les instructions au docteur Merswin envoyé en ambassade auprès du Roi des Romains, datées du 4 juillet 1498, René II spécifie qu’il faut refuser de s’associer aux attaques de Maximilien contre le duc de Gueldre : BnF, LOR 7, f°33.

195 OESTA, Lothringisches Archiv, Karton 65.

196 AD59, B 369 : la réponse du roi Henri VII d’Angleterre est datée du 2 août 1506 : il fait confiance aux Bourguignons pour se défendre eux-mêmes et ne promet pas d’intervenir.



go_to_top L'auteur

Hélène  Schneider

Maître de conférences en retraite

Pour citer cet article go_to_top

Hélène Schneider, « Les relations de la principauté de Lorraine et de Bar avec l’Empire d’après le trésor des chartes ducal (1480-1508) », Mémoire des princes angevins 2021, 14  | mis en ligne le 31/12/2021  | consulté le 21/11/2024  | URL : https://mpa.univ-st-etienne.fr:443/index.php?id=556.